Année des calamités en tous genres, 2003 est à marquer d'une pierre noire, notamment en matière des épidémies d'un autre âge, qui ont refait surface. Dès le mois de février, des milliers de cas de gale ont été signalés dans toutes les régions du pays. De l'Est à l'Ouest en passant par le Centre, la gale, une pathologie de la pauvreté, a touché surtout les enfants contaminés le plus souvent en milieu scolaire. L'été arrive avec non seulement son lot habituel de maladies à transmission hydriques, mais cette fois, avec un fait nouveau et grave : la peste frappe à Oran. Cette pathologie du Moyen-âge, sensée pourtant éradiquée depuis plus de 50 ans en Algérie, est signalée dans la localité de Kehaïlia, où une dizaine de cas sont diagnostiqués. Les médecins ont commencé à naviguer à vue avant d'élargir leurs investigations pour isoler le microbe responsable de l'épidémie qui a touché une dizaine de personnes. Cette fois, les autorités ont procédé à l'incinération des déchets ménagers et à la destruction des vieilles bâtisses infestées par les rats. Interrogé par un député, le jeudi 25 décembre 2003 à l'APN, le ministre de la Santé répond : “La réapparition de cette épidémie découle de la dégradation et du manque flagrant d'hygiène.” D'ailleurs, eu égard à la gravité de la situation, une commission de lutte contre les maladies émergeantes et récidivantes est installée pour parer à d'éventuelles autres épidémies. À noter que la peste n'a été fatale pour aucune des victimes. Toujours durant la période estivale, une autre épidémie touchant des dizaines de milliers de citoyens a failli provoquer la panique au sein de la population. La conjonctivite contamine chaque jour des centaines de personnes. Même s'il s'agit d'une pathologie bénigne, elle a, néanmoins, eu un effet néfaste sur l'économie du pays. Les administrations et les entreprises de production ont renvoyé tous les travailleurs contaminés. Par ailleurs, le ministère de la Santé a décidé de distribuer gratuitement les médicaments et ce, contre l'avis des spécialistes qui ont préconisé de nettoyer les routes et les places publiques. La cause de cette épidémie est due, selon les médecins, au manque d'hygiène et à la mauvaise gestion des ordures ménagères. “Lorsqu'il y a eu l'épidémie du SRAS, les pays asiatiques ont réagi en lavant les rues et non en distribuant des médicaments qui sont inefficaces contre les virus”, a déclaré un professeur en médecine. Selon des chiffres non officiels, quelque 100 000 personnes ont été contaminées par la conjonctivite. Au mois d'août, ce sont 300 cas d'intoxication alimentaire qui sont relevés dans la région de Bougara. Cette fois aussi, le mal est apparu dans une région très pauvre où l'habitat précaire est une réalité visible. Par ailleurs, et selon des sources dignes de foi, la tuberculose refait surface pour toucher, cette fois, même des individus vaccinés. Le bacille de Koch, résistant, oblige les spécialistes à recourir à des médicaments anciens et fabriqués à la commande. Passées les années de vaches grasses, époque qui avait vu l'Algérie à la pointe de la lutte antituberculeuse dans le monde, au point où son schéma thérapeutique est devenu une référence pour l'OMS. La pauvreté et la cherté de la vie permettent aux pathologies du passé de revenir et de menacer sérieusement une population désappointée. Les pouvoirs publics doivent réagir avant qu'il ne soit trop tard. S. I.