Deux styles pour une place en demi-finale : bien que 100% espagnol, le duel entre les artistes du FC Barcelone et les combattants de l'Atletico Madrid promet un choc des cultures ce soir au Camp Nou en quart aller de la Ligue des champions. Il y a d'un côté l'«Atleti», leader opiniâtre du championnat d'Espagne, qui affiche la défense la plus imperméable de Liga (22 buts encaissés) avec son collectif compact et son talentueux gardien belge Thibaut Courtois. Il y a de l'autre côté le Barça, son dauphin en championnat, nanti de la meilleure attaque (89 buts inscrits) avec Lionel Messi ou Neymar, alimentés par les as de la dernière passe : Xavi, Andres Iniesta, Cesc Fabregas... Et entre ces deux équipes qui se connaissent parfaitement, il y aura le ballon étoilé de la Ligue des champions : les Catalans tenteront de le confisquer pour se rapprocher d'une septième demi-finale consécutive, et les «Colchoneros» tâcheront de contre-attaquer pour rêver d'un dernier carré en C1, ce qui serait une première pour eux depuis 1974. Le scénario semble presque écrit d'avance. Les deux équipes se sont déjà affrontées trois fois cette saison, pour trois matches nuls : un en Liga début janvier (0-0) et deux en août dernier lors de la Supercoupe d'Espagne remportée par le Barça en vertu d'un but marqué à l'extérieur (1-1, 0-0). Les «Colchoneros» n'avaient plus atteint les quarts de la C1 depuis 1997. Le duel Messi le bon, Costa la brute Mis à part leurs imposantes statistiques cette saison, tout oppose l'Argentin Lionel Messi, 26 ans, et l'Hispano-Brésilien Diego Costa, 25 ans. Le Barcelonais, 23 buts en Liga et 8 en C1, est un magicien, un as du dribble, vif et technique. Le Madrilène, 25 buts en Liga et 7 en C1, est un guerrier, un roi du contre, puissant et batailleur. Les deux abordent le match de ce soir dans une forme éclatante : 9 buts pour Messi sur ses cinq dernières rencontres toutes compétitions confondues, 6 pour Costa. Et les deux donnent des sueurs froides à leurs adversaires. Diego Costa peut trouver le bon filon à chaque action. Il conserve très bien le ballon, il provoque des fautes. Quant à Messi, il a retrouvé son meilleur niveau. Individuellement il peut faire la différence. Le tempérament Martino-Simeone, entre Argentins Rivaux ce soir sur le bord du terrain, les entraîneurs Gerardo Martino et Diego Simeone l'ont déjà été sur les pelouses de leur Argentine natale. En 1988, Martino, alors joueur des Newell's Old Boys, avait d'ailleurs été exclu lors d'un match de championnat pour un tacle sur le milieu de Velez Sarsfield, Simeone. Les deux partagent un fort appétit de victoire. Mais quand «El Tata» Martino affiche sa confiance et sa bonhomie sur le banc catalan, «El Cholo» Simeone transmet sa hargne et son goût de l'effort à ses joueurs. Le Barcelonais a pour le moment pris le dessus sur le Madrilène en remportant la Supercoupe l'été dernier. Simeone, qui n'a jamais battu le Barça en tant qu'entraîneur, espère prendre sa revanche dès ce soir. La défection Valdes, le grand absent Le Barça se présente sans son gardien Victor Valdes, victime la semaine dernière d'une rupture d'un ligament croisé du genou droit et dont la saison est vraisemblablement terminée. C'est donc le vétéran José Manuel Pinto (38 ans) qui gardera la cage catalane. Pedro, victime d'une gastroentérite, ne s'est pas entraîné dimanche mais il est probable que l'entraîneur Gerardo Martino choisisse de sacrifier à nouveau un ailier pur au profit de la formule victorieuse lors du clasico contre le Real Madrid (4-3) : un trio Xavi-Busquets-Fabregas dans l'entrejeu et Andres Iniesta décalé sur l'aile gauche. Ce dernier, victime de gênes musculaires à une cuisse, a été ménagé samedi contre l'Espanyol Barcelone (succès 0-1) avant d'entrer en jeu en fin de match, ce qui suggère qu'il sera sur pied mardi. Et Alex Song, forfait ce week-end en raison d'un coup à un mollet, a repris l'entraînement. L'opportunité Et si c'était le match de Villa L'entraîneur de l'«Atleti», Diego Simeone, devrait reconduire à peu de choses près le même onze que celui qui a battu samedi l'Athletic Bilbao pour conserver la première place en Liga (2-1). Sur les ailes, le Turc Arda Turan, remplaçant ce week-end, devrait débuter en lieu et place de José Sosa, tandis que Raul Garcia, suspendu, cédera sa place en attaque, a priori à David Villa, qui a l'opportunité de briller contre ses anciens partenaires barcelonais. L'international espagnol devrait être associé à l'Hispano-Brésilien Diego Costa, sept buts en C1 cette saison. La question Diego Costa incertain L'attaquant Diego Costa, sorti du terrain en boitillant samedi à Bilbao en championnat d'Espagne, a dû écourter son entraînement avec l'Atletico Madrid lundi au Camp Nou et est incertain pour affronter le Barça mardi en Ligue des champions, a annoncé son entraîneur Diego Simeone. L'avant-centre hispano-brésilien est rentré aux vestiaires après quelques minutes d'exercice et il faut attendre les dernières minutes pour savoir s'il sera titulaire ce soir. Costa, auteur de six buts au cours de ses cinq dernières sorties avec l'Atletico, a dû céder sa place en fin de match samedi soir après une grosse débauche d'énergie contre l'Athletic Bilbao en Liga (2-1). Mais rien ne dit qu'il sera finalement forfait mardi : dur au mal, l'attaquant de 25 ans a par exemple joué en Ligue des champions en octobre contre l'Austria Vienne (3-0) alors qu'il se déplaçait avec des béquilles quelques heures plus tôt. Manchester United - Bayern Munich Les Bavarois n'ont pas oublié 1999 Favori de son quart de finale face à Manchester United, le Bayern Munich se méfie malgré tout des Red Devils qui ont remporté tous leurs matches de C1 à domicile cette saison. La dernière fois que le Bayern a foulé la pelouse d'Old Trafford, lors de la saison 2009-2010, il était reparti d'Angleterre avec une défaite (2-3) dans les valises. Un revers qui, paradoxalement, a laissé de bons souvenirs aux Bavarois. Virtuellement éliminés jusqu'à la 74e minute et un but de Robben, Ribéry et ses équipiers s'étaient qualifiés pour les demi-finales de la Ligue des champions à la faveur des buts inscrits à l'extérieur (2-1, 2-3). Sur le papier, on voit mal comment ce nouveau quart de finale pourrait échapper aux Bavarois après ceux remportés en 2001 (1-0, 2-1) et 2010 (2-1, 2-3). Alors que la formation de Pep Guardiola a battu un record de précocité en s'adjugeant le titre de champion d'Allemagne dès la 27e journée, les Red Devils traversent, eux, l'une des pires saisons de leur histoire. Les Mancuniens ont d'autres raisons d'espérer. S'ils se sont montrés incapables de se mêler à la lutte pour le titre en Premier League, leur parcours à domicile en C1 cette saison correspond davantage à leur standing : quatre succès en autant de rencontres. Il s'agit de leur meilleure série à Old Trafford depuis la saison 2007-2008. Cette année-là, ils avaient été sacrés champions d'Europe. Tout le monde garde en mémoire la finale de la Ligue des champions 1999 et son retournement de situation. Mené 1-0, United s'était imposé dans les arrêts de jeu grâce aux remplaçants Sheringham (91') et Solskjær (93'). Un coaching signé Alex Ferguson. L'optimisme Moyes : «Dans un bon jour, on peut rivaliser avec n'importe qui» «Je pense que c'est équilibré. On a autant envie que le Bayern de gagner ce match. On l'aborde en sachant que dans un bon jour on est aussi bon que n'importe quelle équipe. On ne le montre pas assez souvent mais j'ai une énorme confiance en mes joueurs. Ils veulent tous disputer les grands matches, c'est ce qu'ont toujours voulu faire les joueurs ici depuis des années. Il y a dans l'histoire des soirées où United a su se dépasser et c'est ce que l'on veut faire». La méfiance Guardiola : «Sur 1 ou 2 matches, ils peuvent nous battre» «Aucun entraîneur au monde ne veut être favori avant la rencontre. Mais je n'y peux rien, je dois accepter ça. La saison dernière, le Bayern a tout gagné et cette saison on a gagné le titre (national) sept matches avant la fin. Mais je sais au fond de moi quelle équipe on va affronter. Peut-être n'ont-ils pas une belle saison en Premier League, je ne suis pas là pour voir les matches, mais ils sont bons en Ligue des champions. Quand je vois les Rooney, Vidic, Rio, Chicharito, Welbeck, je sais la valeur de ces joueurs. Ils ne jouent peut-être pas bien en championnat mais sur un ou deux matches, ils peuvent nous battre».