Surenchère ■ La Russie s'est dit prête hier, à intervenir si ses intérêts étaient menacés dans l'est de l'Ukraine... Une menace qui intervient après la relance d'une «opération antiterroriste» par Kiev contre les séparatistes, accentuant la confrontation avec les Occidentaux. Après quelques jours d'espoirs d'apaisement nés de la signature d'un compromis international à Genève, le ton est monté de nouveau entre Moscou et les Occidentaux, qui s'accusent mutuellement d'orchestrer les actes de leurs partisans et déploient leurs troupes près des frontières ukrainiennes. «Si nos intérêts légitimes (...) étaient attaqués directement, comme par exemple ils l'avaient été en Ossétie du Sud (territoire séparatiste en Géorgie, NDLR), je ne vois pas d'autre manière que de répondre, dans le respect du droit international», a expliqué le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. «Une attaque contre les citoyens russes est une attaque contre la Russie», a-t-il ajouté. L'avertissement russe vient en réponse à la relance de la part des autorités ukrainiennes pro-européennes, juste après une visite du vice-président américain Joe Biden, de l'«opération antiterroriste», auparavant suspendue pour Pâques. «Je n'ai aucune raison de ne pas croire que les Américains dirigent ce spectacle de la manière la plus directe», a estimé M. Lavrov. Il a en outre jugé «destructrice» l'organisation d'une élection présidentielle anticipée le 25 mai. «Je pense qu'organiser une élection sans avoir trouvé de terrain d'entente avec l'Est et le Sud (russophones ndlr) de l'Ukraine est très destructeur pour le pays», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision RT. «Chaque jour qui passe (...) rend une solution de plus en plus difficile», a estimé de son coté, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, au cours d'une visite en Moldavie lors d'une conférence presse durant cette même journée d'hier. A Kiev mardi, le vice-président américain Joe Biden a menacé la Russie d'«isolement» si elle continue de «soutenir» les insurgés. Après son départ, Washington a annoncé l'envoi de 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes, dont 150 hommes de la 173e brigade aéroportée sont arrivés dès mercredi à la base polonaise de Swidwin (nord-ouest). Le secrétaire d'Etat John Kerry a menacé Moscou de nouvelles sanctions. De son côté, la société russe Gazprom a de nouveau brandi la menace gazière dénonçant les impayés «intolérables» de l'Ukraine, qui devraient atteindre 3,5 milliards de dollars début mai et risquent d'entraîner une coupure pure et simple des livraisons. L'Ukraine jouet de l'Occident ? Les Occidentaux utilisent l'Ukraine comme un «pion dans le jeu géopolitique» contre la Russie, a lancé ce jeudi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. «Peu d'analystes sérieux doutent du fait qu'il ne s'agit pas du destin de l'Ukraine, on a simplement utilisé et on continue d'utiliser l'Ukraine comme un pion dans le jeu géopolitique», a-t-il déclaré, cité par les agences russes, après avoir accusé les Etats-Unis et l'UE d'avoir fomenté une révolution en Ukraine.