Créations ■ Le Palais des enluminures accueille en ce Mois du patrimoine et pour la première fois, un autre art que la miniature. En effet, un collectif de céramistes, membres de l'association «Ayadi el Djazaïr», au nombre de 21, expose dans le patio et les salles ses œuvres jusqu'au 4 mai. Réaliser des objets usuels ou recherchés, donner forme et apparence à un amas de terre, ainsi s'explique un des plus vieux métiers du monde. L'association «Ayadi el Djazaïr», les mains magiques s'inscrit dans la transmission de cet art ancestral et citadin. Objets uniques, pour la plupart, les créations rivalisent de beauté et de savoir-faire : amphores, vases, couscoussiers, tableaux, plateaux, bonbonnières, des créations finement décorées et des pièces remarquables peuvent être admirées et montrer la maîtrise de ces artisans d'art. Amar Bouabdellah, céramiste natif de Guenzet, est venu à l'art de la céramique par pur hasard. Il explique que c'est à Tizi Ouzou au Centre de formation professionnelle de la ville qu'il a fait son apprentissage d'artisan potier, cependant, «pour une meilleure formation, je suis allé aux beaux arts de Constantine. Là, j'ai approfondi mes études et mes connaissances avec l'estampillage, plusieurs techniques de façonnage : pressage, extrusion, injection, coulage, moulage, collage sur cette activité pour arriver à la céramique qui est devenue ma profession». Malgré cela, sa meilleure école a été l'atelier de Mohamed Boumehdi à Kouba. «Je suis resté 6 ans auprès du maître céramiste dont les œuvres sont une référence dans le monde de l'art. Sa vocation était d'inculquer son savoir et sa passion à ses stagiaires et compagnons de métier. J'ai tout appris de cet homme exceptionnel et d'une grande probité.» Amar Bouabdellah s'est installé à son compte en 1993 dans son propre atelier. «Le style de Mohamed Boumehdi, mélange de techniques orientales, mauresques et occidentales, a engendré une des écoles algériennes de céramique. C'est grâce à ce procédé que j'ai émergé en tant que céramiste d'art.» Aujourd'hui, notre artisan d'art est sollicité par des chancelleries, des personnalités pour des commandes personnalisées. La faïence et zellidj à l'algérienne, spécialités de son atelier, ont fidélisé une large clientèle désireuse d'habiller des pans entiers de leurs résidences. «Toute la décoration de nos produits en céramique se réalisent à la main avec l'aide de mes stagiaires pour ensuite sérier la commande. Les carreaux de faïence vierges, les poudres pour la couleur sont importés d'Espagne, des produits qui coûtent de plus en plus cher. Outre les carreaux de faïence, la commande se diversifie aux fontaines, tableaux de jardins ou aux vasques.» Si toute l'exposition mérite le détour, deux œuvres de Mohamed Chenoufi, deux plateaux de collection ont attiré notre attention. Installées dans des écrins, les assiettes à la décoration florale, sont rehaussées d'arabesques, de signes géométriques et d'or fin 11 carats. Pièces particulières, les plateaux présentent chacun une fiche technique révélant les détails de leur réalisation.