Résumé de la 1re partie ■ Abandonnée dans le bois, une bergère – qui lui demande de la considérer comme sa mère – recueille Aurore... Aurore consentit à cette proposition, et le lendemain, la bergère lui dit : «Je vais vous donner un petit troupeau à conduire, mais j'ai peur que vous ne vous ennuyiez, ma belle fille ; ainsi, prenez une quenouille, et vous filerez, cela vous amusera. — Ma mère, répondit Aurore, je suis une fille de qualité, ainsi je ne sais pas travailler. —Prenez donc un livre, lui dit la bergère. — Je n'aime pas la lecture, lui répondit Aurore», en rougissant. C'est qu'elle était honteuse d'avouer à la fée, qu'elle ne savait pas lire comme il faut. il fallut pourtant avouer la vérité : et elle dit à la bergère, qu'elle n'avait jamais voulu apprendre à lire quand elle était petite, et qu'elle n'en avait pas eu le temps quand elle était devenue grande. «Vous aviez donc de grandes affaires, lui dit la bergère. —Oui, ma mère, répondit Aurore. J'allais me promener tous les matins avec mes bonnes amies ; après dîner je me coiffais ; le soir, je restais à notre assemblée, et puis j'allais à l'opéra, à la comédie, et la nuit, j'allais au bal. — Véritablement, dit la bergère, vous aviez de grandes occupations, et sans doute, vous ne vous ennuyiez pas. —Je vous demande pardon, ma mère, répondit Aurore. Quand j'étais un quart d'heure toute seule, ce qui m'arrivait quelquefois, je m'ennuyais à mourir : mais quand nous allions à la campagne, c'était bien pire, je passais toute la journée à me coiffer, et à me décoiffer, pour m'amuser. — Vous n'étiez donc pas heureuse à la campagne, dit la bergère. —Je ne l'étais pas à la ville non plus, répondit Aurore. Si je jouais, je perdais mon argent ; si j'étais dans une assemblée, je voyais mes compagnes mieux habillées que moi, et cela me chagrinait beaucoup ; si j'allais au bal, je n'étais occupée qu'à chercher des défauts à celles qui dansaient mieux que moi ; enfin, je n'ai jamais passé un jour sans avoir du chagrin. —Ne vous plaignez donc plus de la Providence, lui dit la bergère ; en vous conduisant dans cette solitude, elle vous a ôté plus de chagrins que de plaisirs ; mais ce n'est pas tout. Vous auriez été par la suite encore plus malheureuse ; car enfin, on n'est pas toujours jeune : le temps du bal et de la comédie passe ; quand on devient vieille, et qu'on veut toujours être dans les assemblées, les jeunes gens se moquent ; d'ailleurs, on ne peut plus danser, on n'oserait plus se coiffer ; il faut donc s'ennuyer à mourir, et être fort malheureuse. (A suivre...)