RéSUMé : Karim rencontre son frère devenu avocat, Khalil lui annonce que son père et sa femme vivent désormais au bled. étant donné qu'ils sont les héritiers de la fortune et de l'immense demeure de leur mère, celle-ci leur laisse une lettre bouleversante où elle affirme être morte des suites d'une maladie incurable, et que sa conduite flegmatique envers ses fils était dictée par le désir de les préserver du chagrin. Elle avoue même tellement aimer ses enfants qu'elle les a privés de leur famille, leur tante, ce qu'elle regrette… “Mais j'ai demandé à votre père que votre tante, si elle le propose, prenne soin de vous, qu'elle vous donne cet amour maternel qui est si facile pour elle d'afficher, que j'en étais envieuse. Mes fils, elle vous prodiguera tout cet amour dont je vous ai privés. J'ai un dernier message à vous transmettre : Khalil, mon aîné… mon premier enfant. J'ai fait plusieurs fausses couches avant que Dieu ne me permette de te porter dans mon ventre. J'ai été comblée, la plus heureuse des femmes le jour où tu es né, car j'étais maintenant devenue mère. Tu m'as apporté tant de joie, tu as su me donner confiance en moi… et quand tu grandissais, je voyais que tu avais un très fort caractère, celui qui t'approche ne peut que t'aimer, tu étais mon petit prince à moi. Je te demande, mon fils, de prendre soin de ton frère, de veiller sur notre maison et je voulais que tu saches que je ne t'en veux pas parce que tu étais un petit rebelle, au contraire ! J'adorais que tu grandisses et que tu te construises une forte personnalité, que tu ne te laisses pas marcher sur les pieds, et au fond de ton regard, je me voyais quand j'étais jeune et te prédestinais à un grand avenir, car tu as toujours su définir ce qui était juste et ce qui ne l'était pas. Karim…” Je m'arrête de lire, je ne peux plus continuer, l'émotion est si forte, mon frère sourit, le visage inondé de larmes, puis me révèle : - Elle ne m'en veut pas ! Elle a dit que je lui ressemblais ! Je donne la lettre à mon frère qui comprenait que je ne pouvais plus parler, et il essaie de continuer : “…Karim, mon deuxième et dernier trésor, tu as ramené de la joie en moi. Je te regardais et je savais que tu étais magique. Tu dégageais cette aura, tel un mage mon enfant, tu t'exprimais en rimes, tu possédais ce regard effrayant qui intimidait ton père. Tu avais peur du noir, alors qu'en fait tu étais la lumière qui perçait les ténèbres et nous faisait voir l'invisible. Tu changeais mes doutes en certitudes, et tu me donnais du courage quand je perdais foi en moi. Je te regardais avec admiration mon fils, mais je décelais en toi une peur, celle de l'inconnu… Tu étais comme moi, tu détestais afficher tes sentiments par peur du rejet, mais mon enfant ne fais pas l'erreur de laisser le bonheur te passer entre les mains, trouve l'amour et garde-le ! Mes fils, je dois partir à l'hôpital, Karim tu t'endors sur le canapé, je t'embrasse sur la joue. Khalil, je suis allée au pensionnat, je t'ai regardé jouer avec tes amis des heures durant, avant que je ne sois hospitalisée… Mes beaux enfants, ne vivez pas avec le regret, savourez votre bonheur pour que je dorme en paix. Khalil, je t'aime mon prince. Karim, je t'aime mon mage. Je vous aime, quitte à mourir seule, sans voir la peine vous défigurer le visage, mes doux enfants. De la part de votre mère Houda qui vous aime fort…” Il est difficile de trouver les mots, après cette longue et belle lettre où notre mère tentait de se racheter. Mon frère et moi passons la journée à sortir de vieilles photos, à pleurer, rire, nous souvenir, puis enfin encadrer la lettre de maman qu'on accroche au mur de ce qui fut son bureau. Le lendemain, un homme vient sonner à la porte. J'ouvre, et il me demande si je suis bien Karim Fahad, je confirme. Il me révèle en larmes : - Je suis le petit-fils de Sadia, ma grand-mère vous… Je le fais immédiatement entrer dans le salon et lui sers de l'eau, car il ne désirait pas s'éterniser, puis raconte : - Ma grand-mère nous a envoyé une lettre où elle nous pardonne de lui avoir fait du tort, à la condition : récompenser la seule personne qui lui a tenu compagnie durant ces années où nous l'avons laissée à son sort. De ce fait, dans son testament, elle vous lègue la maison où elle a rendu l'âme. - Je ne peux pas accepter ! - Vous devez ! Vous devez accepter la maison, vous pouvez la vendre si ça vous chante, mais depuis qu'on a ignoré ses volontés les malheurs ne cessent de nous châtier. Je suis resté à attendre dans sa demeure plus d'un an, espérant vous revoir, car votre frère ne savait pas comment vous contacter, et je ne pouvais lui laisser les papiers sans savoir s'ils vous seront remis en main propre, alors je ne lui ai jamais parlé de cette histoire. - Je vous assure, je ne veux pas prendre cette maison, vous devez en avoir plus besoin que moi ! - Pas du tout ! Je vous implore, si vous le désirez, à genoux, prenez ces documents pour apaiser mon cœur oppressé par les regrets… Il allait s'agenouiller, mais je le retins en lui disant : - J'accepte de prendre la maison, je ne vais pas la vendre. Je vais y vivre si cela peut conforter le salut de hadja Sadia. Néanmoins, ne vous abaissez pas de la sorte, seul Dieu mérite que vous vous prosterniez… - Je vois que vous êtes sage ! Je comprends pourquoi ma grand-mère voulait que vous gardiez la demeure. Il me donne les papiers, les clés puis s'en va le cœur léger, en me remerciant d'avoir pris soin de sa grand-mère, mais je lui affirme que c'est plutôt le contraire qui se produit. (À suivre) H. B.