Réalité ■ Les Algériens n'ont aucune culture muséale : l'école et les médias, notamment la télévision, n'ont pas contribué à la promotion de cette culture. Il suffit tout juste de reprendre une déclaration du chanteur Mohamed Lamari pour résumer cette réalité. Invité, récemment, sur le plateau d'une chaîne de télévision, ce chanteur a dit qu'en Algérie, «la seule star qui puisse exister est un Sénateur.» Autrement dit, il n'y a aucune place, chez nous, pour l'homme de culture. Le résultat est là : pour nombre d'Algériens, ce que contiennent nos musées ne sont que pierres, argile et ferraille. Pas plus. Pour mieux illustrer le manque d'engouement pour la chose muséale, une employée du Palais musée «Dar Khedaoudj el-Amia», nous a appris que durant la Journée nationale de la Casbah, aucune visite d'écoliers n'a été enregistrée. Selon elle : «On n'a pas initié les enfants, à travers le programme scolaire, à visiter les musées.» Et pourtant en cette journée les visites des musées de la ville d'Alger étaient gratuites. Citant un exemple, un autre employé du même musée nous a précisé qu'«un texte de lecture contenu dans le programme scolaire de quatrième année primaire a poussé les parents à accompagner leurs enfants pour visiter notre musée.» En Evoquant le droit d'accès aux musées, on peut dire que la nouvelle tarification entrée en vigueur il y a une année est exagérée. D'un seul coup, les prix des tickets d'entrée aux musées, sont passés de 20 à 200 DA. Il est vrai que le prix pour les visites des musées est cher à travers le monde. Mais, ailleurs il suffit d'un seul ticket pour pouvoir visiter l'ensemble des musées et autres sites archéologiques d'une même ville. En France, par exemple, chaque premier dimanche de chaque mois, l'accès aux musées est gratuit. Cela nous donne le droit à douze visites gratuites par an. Dans cet espace temporel, en Algérie, nous n'avons que trois visites gratuites. Outre cette problématique de tarification, le visiteur du musée ou d'un site archéologique se heurte, chez nous, également, à l'accueil. Dans la plupart des cas, des préposés à la réception, des guides n'ont aucune formation. «On n'a pas besoin de guides qui travaillent archaïquement. Il arrive qu'on trouve des guides sans culture, sans instruction», s'est offusquée, une employée du secteur de la culture. En outre, sur l'ensemble des musées d'Alger, un seul a été construit en tant que tel. Il s'agit du Musée des Beaux-Arts. Le reste, ce sont d'anciennes bâtisses transformées en musées. D'où le manque d'aménagement et de normes muséales : Mal placés, non spacieux, sans réserves, sans issue de secours. «Même les musées que l'on a construits dernièrement, à l'instar de celui de Tébessa, ne répondent pas aux critères», nous fera encore savoir notre source. S'exprimant sur le Palais «Dar Khedaoudj el-Amia», qui a été transformé en musée, un spécialiste nous dit : «Déjà un palais situé à la Basse Casbah constitue en lui-même un musée.» Mais nos musées, par leur contenu, par leur architecture et leur mode d'emploi, peuvent-ils jouer un rôle dans le tourisme culturel ?