Visite ■ «L'Etranger» est l'exposition qui se tient depuis hier, sous le chapiteau du Festival international de la bande dessinée d'Alger, sur l'esplanade de Riad el-Feth. L'exposition, signée Jacques Ferrandez, comprend plusieurs planches originales de son livre intitulé L'Etranger, paru en 2013 aux éditions Gallimard. «L'exposition présente l'adaptation en bande dessinée de L'Etranger, un roman signé Albert Camus», explique Dalila Nadjem, commissaire de l'exposition et du Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda), également directrice des éditions Dalimen, précisant que cette exposition est organisée par le Fibda et ce, en partenariat avec l'Institut culturel français d'Alger. L'originalité de cette exposition, voire de ce travail d'adaptation, c'est que Jacques Ferrandez, débordant d'imagination, a su «retranscrire», voire reproduire, l'univers de Meursault, le personnage principal du roman, en image. En d'autres termes, Jacques Ferrandez, «porté par une force éblouissante et radieuse», a su donner un visage à cet homme, étranger à soi et au monde, permettant ainsi aux lecteurs d'avoir accès à «une relecture passionnante de L'Etranger en bande dessinée, sans en épuiser le mystère». Ainsi, le visiteur, en parcourant l'exposition, peut découvrir – et aussi apprécier – le travail artistique ainsi que l'imaginaire de Jacques Ferrandez, cet enfant d'Algérie – il est né à Alger, dans le quartier même où Albert Camus a vécu, à savoir Belcourt, actuellement Belouizdad –. La bande dessinée L'Etranger parue en France, aux éditions Gallimard. D'où la question : Ne pensez-vous pas éditer cette œuvre en Algérie ? A cela, Dalila Nadjem répond : «C'est intéressant en effet de l'éditer chez nous, en Algérie, mais il reste les négociations avec l'éditeur français pour les termes de l'acquisition des droits.» Dalila Nadjem souligne également, que c'est envisageable de rééditer en Algérie les œuvres de Jacques Ferrandez, consacrées à l'histoire de l'Algérie, notamment celle relative à la Guerre de libération nationale. D'ailleurs cette œuvre, intitulée Carnets d'Orient, est sortie aux éditions Casterman. Une partie a été traduite en arabe et éditée en Algérie, aux éditions Dalimen, sous le titre Cahier d'Algérie. Interrogée sur la raison pour laquelle les éditions Dalimen ont choisi d'éditer l'œuvre de Jaques Ferrandez, Dalila Nadjem dit : «L'auteur est un habitué du Festival international de la bande dessinée d'Alger. Il est présent pour présenter ses livres. Nous avons remarqué qu'il y a un engouement pour son travail. Il a son public. Et nous avons pensé qu'il était temps maintenant d'adapter une BD en arabe, puisqu'il y en a très peu dans cette langue. C'est un premier pas que nous faisons. Le but est de cibler un plus large lectorat. Il se peut, en effet, qu'il y ait d'autres ouvrages à l'avenir.» Dalila Nadjem annonce la sortie prochaine d'une bande dessinée consacrée à la vie de l'Emir Abdelkader. «Le premier volume paraîtra dans les deux langues (arabe et française), au mois de septembre, à l'occasion de la 7e édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger», dit-elle, avant de renchérir : «C'est un gros projet, un projet ambitieux en effet. Comme la BD est un appel à la lecture, et que c'est plus facile de lire une BD qu'un roman, nous avons pensé que le meilleur moyen de doper la culture, c'est de publier davantage de BD. Ce qui a d'ailleurs manqué cruellement très longtemps.» Dalila Nadjem, qui estime qu'il y a un lectorat de BD, explique : «La seule chose qu'il faut réussir à faire, c'est d'adapter les prix pour que justement cette BD puisse être accessible à tout le monde.» Et d'ajouter : «C'est un travail grandiose de faire de la BD et en même temps coûteux. C'est artistique. C'est de l'art. Cela répond à des coûts qu'il ne faut pas négliger.» Dalila Nadjem estime, en outre, qu'il faut réussir à introduire la BD tirée des grands classiques algériens dans les écoles pour que l'on puisse éditer plusieurs milliers d'exemplaires et donc amortir le coût de la fabrication. «Ce qui réduirait réellement le coût du prix de vente», dit-elle.