Vœu ■ Douirette, ou encore Hai Ouled Essoultane, considéré comme l'un des plus vieux quartiers populaires de Blida, est en attente d'un classement au patrimoine matériel de la wilaya. Le quartier Douirette, dont le sens premier renvoie à un petit ensemble d'habitations, a été construit au XVe siècle, de la Régence d'Alger par les Ottomans. Son architecture est similaire à celle de la Casbah d'Alger, à quelques détails près, relatifs notamment aux toitures des maisons, faites en tuiles à Douirette, alors que celles de la Casbah sont surmontées de terrasses. Toutefois, ces vieilles maisons de style mauresque se sont dégradées avec le temps du fait de la vétusté des constructions. Leurs murs se sont effrités et leurs fondations ont été fragilisées. Par ailleurs, les multiples modifications apportées, au fil des années, ont eu raison de leur cachet originel. En effet, aucune esthétique n'est plus visible dans ce vieux quartier tel que voulu par le fondateur de la ville de Blida, Sid Ahmed Lekbir. Le temps d'abord, puis les modifications apportées par ses habitants, ont fini par faire disparaître toutes les touches originelles attestant de l'histoire andalouse de ce quartier. Des habitants ont remplacé les belles voûtes surmontant les portiques en bois sculpté dans le pur style arabo-musulman, par des portes banales, alors que d'autres ont érigé de hauts murs fortifiés avec des barreaux en fer, sécurité oblige. Autre particularité de ces maisons, chacune d'elles comptait plusieurs chambres de forme rectangulaire de 6 à 10 m de long, sur 3 m de large, avec une hauteur variant entre 3 et 4 m. Ces pièces étaient construites de façon à entourer un patio disposé au centre, qui constituait alors l'âme de la maison. Ce petit espace à ciel ouvert, désigné localement sous le vocable de «oueste eddar» (qui veut dire littéralement le milieu de la maison) est un legs encore préservé, par plusieurs familles de Douirette, qui en font un point d'honneur de posséder une sorte de jardin, à domicile. De jolies plantes grimpent généralement le long des murs de cette cour à ciel ouvert, dont notamment des vignes et du jasmin, dont l'odeur embaume toute la maison et les environs. Les maîtres de céans agrémentent également cette cour, de citronniers, un arbre aussi beau qu'utile, ainsi que de nombreuses autres plantes ornementales, liant généralement l'utile à l'agréable, telles que les clous de girofle et le basilique. Aujourd'hui, aucune trace de cette magie d'une belle époque n'est visible dans les dédales des vieilles venelles de Douirette, dont la largeur ne dépasse pas 1,5 m. Le visiteur arpentant ses vieux escaliers démolis fait face à un spectacle désolant de vieilles maisons en ruine, ou carrément abandonnées par leurs occupants, alors que des tas d'ordures ménagères sont jetés çà et là par les habitants, en l'absence de voies praticables pour leur enlèvement. Parmi les plus beaux vestiges encore debout, de nos jours, dans ce vieux quartier de Douirette, en dépit des nombreuses modifications apportées par l'homme, se trouve la résidence du roi Béhanzin Kondo de l'ex-royaume du Dahomey du XVIIIe siècle (actuel Benin). Selon Youcef Ouraghi (une mémoire vivante de la ville de Blida), c'est dans cette demeure que fut assigné à résidence, de 1894 à 1906, le roi Béhanzin, par les autorités coloniales françaises de l'époque, qui l'avaient exilé en Algérie. Ses ossements ont été transférés vers son pays en 1928, et le palais est, depuis, à l'état d'abandon.