Expertise ■ L'Algérie se dotera, d'ici à la fin de l'année 2015, de 33 accélérateurs de radiothérapie, répartis sur 12 centres anti-cancer en cours de réalisation. Une bonne nouvelle pour les patients atteints de cette pathologie, si ce n'est qu'un élément vient pourtant perturber la bonne humeur des préposés au secteur de la santé : l'Algérie ne dispose pas, ou très peu, de spécialistes formés à l'utilisation de ce type de machine. Faut-il rappeler qu'il s'agit de ce qui se fait de mieux en la matière, donc des toutes dernières technologies. Un déficit dû pour l'essentiel au manque d'anticipation, tant depuis plusieurs années déjà des spécialistes n'ont eu de cesse d'appeler à former des physiciens médicaux. «Le rayonnement n'est pas intelligent. Il ne différencie pas entre le tissu sain et le tissu malade. Il est impératif qu'il y ait quelqu'un pour garantir que la bonne dose soit délivrée au bon endroit. Ce quelqu'un c'est le physicien médical», indiquait, ce matin, dans une intervention la Chaîne trois de la radio nationale, Abdelkader Toutaoui, physicien au centre nucléaire d'Alger. Soulignant la spécificité du profil de formation nécessaire, du fait qu'elle a trait à l'utilisation des rayonnements ionisants, le spécialiste insistera sur les aspects élémentaires de radioprotection, mais aussi de la qualification. Cette dernière que de nombreux spécialistes n'ont eu de cesse de souligner l'importance en appelant à instaurer un schéma de qualification. «Malheureusement cela fait une dizaine d'années qu'on est en train d'appeler à l'instauration d'un schéma de qualification. Et maintenant on sent que la qualification manque», ajoutera M. Toutaoui. D'autant que la radiothérapie est une arme à double tranchant. Si elle permet de guérir le cancer, la mauvaise manipulation d'un appareil de radiothérapie peut provoquer la mort. «Dès lors qu'on l'utilise correctement cela va donner des guérisons. Mais si on l'utilise de façon pas adéquate on peut faire des accidents. Et l'Algérie n'est pas une exception», indique, de son côté, le physicien Mohamed Salah Bali. D'autant qu'aucun pays dans le monde n'est à l'abri d'accidents dus à une mauvaise manipulation. «Des pays comme l'Espagne ou encore les Etats-Unis ont connu des accidents dus à de mauvaises manipulations de ce type de machines», ajoute le physicien. En la matière, «si on fait dans la précipitation, on ne peut que faire des dégâts. Des dizaines de décès ont été enregistrés du fait de mauvaises manipulations», conclut l'expert. Et ce sans évoquer les cas de malades ayant subi des séquelles parfois irréversibles...