Haine ■ La menace du groupe islamiste armé Boko Haram de vendre comme «esclaves» plus de 200 lycéennes enlevées le mois dernier au Nigeria, a confirmé les pires craintes des familles et suscite une vive indignation au sein des populations dans le monde. «Depuis le début, nous imaginions ce qui pourrait arriver à nos filles aux mains de ces gens abominables. Aujourd'hui, Shekau a confirmé nos craintes», a déclaré une mère, dont la fille figure parmi les captives. Et dans le même Etat de Borno, fief de Boko Haram dans le nord-est du pays, huit autres adolescentes viennent d'être enlevées la semaine dernière. «J'ai enlevé vos filles», déclare le chef du groupe extrémiste, Abubakar Shekau, dans une vidéo de 57 minutes. Il évoque les 276 lycéennes enlevées le 14 avril dans leur établissement scolaire dans l'Etat de Borno, dont 223 sont toujours en captivité, 53 ayant réussi à s'enfuir, selon la police. «Je vais les vendre sur le marché, au nom d'Allah», poursuit Abubakar Shekau. «Allah dit que je dois les vendre, elles sont à Lui». «J'ai dit que l'éducation occidentale devait cesser. (...) Les filles, vous devez quitter (l'école) et vous marier», exhorte-t-il. «Je vais épouser une fille de 12 ans, je vais épouser une fille de neuf ans», dit-il ensuite. Le sort des jeunes filles et l'incapacité des autorités nigérianes à leur venir en aide ont suscité une très vive émotion au sein des populations du pays et de l'étranger. Par ailleurs, des dizaines de militants de ce groupe, à bord de véhicules blindés, ont détruit une ville, dans le nord-est du pays, à la frontière camerounaise, tirant sur les habitants qui ont fui au Cameroun voisin. Certains habitants, qui n'ont pas eu le temps de fuir, ont été abattus, selon des témoins. Le groupe Boko Haram revendique la création d'un Etat islamique dans le nord du Nigeria. Le groupe extrémiste a déjà fait plusieurs milliers de morts depuis le début de son insurrection en 2009, au cours d'attaques visant des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l'Etat et des forces de l'ordre. Mais cet enlèvement en masse d'adolescentes est sans précédent depuis la création de ce mouvement, dont les attaques ont déjà fait plus de 1 500 morts depuis le début de l'année. Jusqu'à présent, les violences perpétrées par le groupe islamiste étaient concentrées dans le Nord-Est, son bastion historique. Mais les deux attentats qui ont frappé récemment la même gare routière à la périphérie d'Abuja, à moins de trois semaines d'intervalle, faisant 90 morts, rappellent la menace sérieuse que fait planer Boko Haram sur le pays tout entier.