C'est le chiffre effarant qu'a annoncé, hier, le secrétaire général de l'Union des paysans, en mettant en garde contre le phénomène de détournement des terres agricoles de leur vocation. Les permis de construire délivrés par les APC ont ouvert la porte à l'invasion du béton, un véritable crime. Pas moins de 6 hectares de terres agricoles sont détournés quotidiennement de leur vocation, a affirmé hier le secrétaire général de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA). Mohamed Alioui, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse, a mis en garde contre ce phénomène qui prend de l'ampleur «suite aux permis de construire délivrés par les communes qui ont ouvert la porte à l'invasion du béton». A en croire ce responsable, ce sont plus de 2 000 hectares de terres agricoles qui sont affectés annuellement, à d'autres usages, notamment à la construction et au logement. Ainsi, en dépit de l'existence de terres arides ou de terres incultes ou agricoles de 3e catégorie qui peuvent être destinées à l'urbanisation, on continue toujours de construire sur les bonnes terres, sur les terres fertiles... Ce phénomène se généralise, devient presque une tradition. Cela fait que des régions entières perdent leur vocation agricole. Pour mettre fin à ces «crimes», l'UNPA a demandé, par la voix de son secrétaire général, l'intégration de la protection des terres agricoles, qui sont «le garant de la sécurité alimentaire», dans le projet de révision de la Constitution, et «suivre l'exemple de nombreux pays à cet égard». Pour rappel, en Algérie, la superficie agricole utile, comprenant les terres arables, les surfaces toujours en herbe (prairies permanentes) et les «cultures pérennes» (vergers) est évaluée à 8,4 millions d'hectares .Quelque 25 % de la population active sont employés dans l'agriculture. Evoquant le problème du foncier agricole, M. Alioui a évoqué «le retard» enregistré dans la délivrance des contrats de concession aux agriculteurs dont les délais sont fixés au 30 juin 2014 pour le parachèvement de substitution de contrats de concession aux contrats de jouissance permanente annuellement. Pour rappel, plus de 150 000 ha de terres ont été détournés de leur vocation agricole depuis l'indépendance de l'Algérie, selon un chiffre avancé par l'ancien ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa. Celui-ci a estimé que ce détournement devient de plus en plus difficile grâce au dispositif mis en place par les pouvoirs publics. Cependant, le détournement de ces terres de leur vocation s'est fait «parfois avec facilité» au profit du développement du bâti, a-t-il regretté. Le dispositif en question n'a incontestablement pas donné les résultats escomptés.