Le rôle du ministère se limite à veiller à ce que les terres ne soient pas détournées de leur vocation. Le dossier portant trafic des terres agricoles qui a défrayé la chronique il y a quelques semaines sur les colonnes de la presse nationale, ne concerne pas le ministère de l'Agriculture. «Les attributions et les transactions des terres agricoles sont du ressort de la direction générale des Domaines qui sont sous la tutelle du ministère des Finances» a déclaré le ministre de l'Agriculture, Saïd Barkat, lors de la conférence organisée par son département hier, au Conseil de la nation, sur le développement agricole et les engrais chimiques. Ravi que la campagne médiatique ait «tiré la sonnette d'alarme» sur un dossier aussi sensible, Saïd Barkat a affirmé que le rôle de son département se limite à veiller à ce que ces terres ne soient pas détournées de leur vocation. «Toutefois nous n'accepterons pas qu'un seul mètre carré de ces terres agricoles soit détourné et nous insisterons à ce que les transactions faites hors du cadre de la loi soient punies», a souligné M.Barkat précisant que depuis l'indépendance du pays quelque «126.000 hectares ont été transférés de leur vocation agricole vers l'urbanisme mais, précise-t-il, ces transactions ont été faites dans le cadre légal». En effet, la loi 87-19, portant mode d'exploitation des terres agricoles permet qu'un attributaire se désiste au profit d'un autre, après une certaine période. L'instruction interministérielle de 2002 a gelé cette loi pour clarifier et rappeler les conditions de désistement. Le dossier de la dilapidation des terres agricoles n'est qu'à son début et l'enquête diligentée par le ministère de la Justice n'a pas encore livré tous ses secrets. «Le dossier de la spéculation et du trafic des terres agricoles sera ouvert par la justice qui rendra son verdict à l'encontre de tous ceux qui ont été impliqués dans des malversations», a déclaré le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, il y a quelques mois. Plusieurs enquêtes ont été publiées par la presse durant les années passées faisant état de graves dépassements. Même le secrétaire général de l'Unpa (Union nationale des paysans algériens), Mohamed Alioui, s'est mis de la partie affirmant qu'«une moyenne de 8 à 9 hectares de terres arables sont quotidiennement détournés de leur vocation agricole». Plusieurs tentatives ont été menées pour assainir le dossier du foncier agricole. En 1995, les résultats d'une enquête sur l'urbanisation ont fait état de 59.680 ha des exploitations collectives et individuelles (EAC et EAI) envahis par le béton. Le gouvernement de l'époque avait décidé alors de mettre en place une commission interministérielle chargée d'enquêter sur le dossier. Des informations judiciaires ont été ouvertes au niveau des différents parquets du pays mais sans donner aucune suite. Au début de l'année 2000, l'Inspection générale des finances (IGF) a ouvert une autre enquête sur la dilapidation du foncier sur toute l'étendue du gouvernorat d'Alger et qui a connu le même sort que la précédente enquête. En 2004, le dossier a été rouvert et a été pris en charge par la Gendarmerie nationale.