Pratique ■ Le dinar se convertit au dinar. A quel prix ? Un dinar contre un dinar et vingt centimes. Et cela se passe ici, sur nos marchés, pas ailleurs. Ainsi, la somme de cent dinars en petite monnaie vaut cent vingt dinars. Mais plus la somme augmente, plus «la marge bénéficiaire» diminue. D'ailleurs, un commerçant nous a dit qu'une somme de dix milles dinars en petite monnaie se vend à une somme égale plus cinq cent dinars. Un gardien d'un parking nous affirme qu'il vend la monnaie qu'il ramasse. Ce «commerce» s'instaure à la faveur du manque de petite monnaie. «Vous n'avez pas cinq dinars ?» «Vous n'avez pas dix dinars ?» Assurément, nous nous sommes tous heurtés à ces questions au moment où on attendait notre monnaie chez le commerçant. «Si j'avais de l'argent, je vous paierais vos pains», a lancé un employé d'une boulangerie à l'adresse d'un client qui lui a remis un billet de cinq cent dinars. Doit-on être humilié lorsqu'on veut acheter du pain et qu'on n'a pas de monnaie ? «Chaque année, en cette période, il y a une pénurie de monnaie, de toute la monnaie en général», nous apprendra un commerçant d'Alger. Notre interlocuteur estime qu'«il y a une mauvaise gestion de la monnaie». En réalité, ce sont tous les commerçants qui se plaignent de cette situation. Un fleuriste nous a dit qu'il éprouve des difficultés à rendre de la monnaie à un client qui lui remet un billet pour une fleur. «Je préfère la lui donner gratuitement que d'aller chercher de la monnaie auprès de mes voisins.» Et il raconte : «Une fois, je suis parti chercher de la monnaie, on m'a volé mon portable.» «A chaque fois, il y a une pièce de monnaie qui manque», confie le propriétaire d'un kiosque multiservice. Comment ? Pourquoi ? «On dit qu'elles contiennent du mercure, de l'argent ou de l'or», ironise-t-il. Cette pénurie fait souffrir les clients et les commerçants. «Ces derniers jours, on souffre beaucoup de la pénurie, notamment des pièces de cinq dinars», révèle-t-on, sans pouvoir donner une explication à ce phénomène. «Chaque matin, j'ouvre ma boutique avec un million de centimes en petite monnaie...», confie un commerçant. Et les banques ? Selon nos interlocuteurs, «les banques exigent des commerçants un seuil minimal de dix millions de centimes, pour leur faire la monnaie en billets ou en pièces, fixé par la banque. Nous devons nous contenter de ce qu'on nous donne». Et d'expliquer : «Soit des pièces de cinq, de dix , de cent dinars...». Et les toutes petites, comme celle d'un dinar ? «Ça prend du temps dans le calcul», ironisera-t-on. Mieux, cette opération, selon nos interlocuteurs, nécessite de la paperasse. Un dossier complet ! «là où on va, on nous déçoit», déplore un commerçant. Cette pénurie fait des victimes. «Une fois, en prenant le bus de Tafourah vers Baba-Ali, j'ai remis un billet de mille dinars au receveur. Il m'a dit qu'il me donnerait la monnaie après. Et comme j'étais lasse, je suis descendu du bus en oubliant de récupérer ma monnaie...», raconte une dame.