Offensive ■ Les insurgés se sont emparés de la plus grande partie de Tal Afar, une ville stratégique chiite du nord de l'Irak, a indiqué, ce mardi, un responsable du gouvernement, faisant état de plusieurs dizaines de morts dans les combats. Les forces pro-gouvernementales détiennent toujours des secteurs de cette enclave chiite de la province majoritairement sunnite de Ninive, a ajouté Noureddine Qabalane, numéro deux du Conseil de la province. Cette ville clé est située à 380 km au nord-ouest de Bagdad sur la route vers la frontière syrienne, alors que le groupe djihadiste radical de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) aspire à créer un Etat islamique dans la zone frontalière. M. Qabalane a affirmé que les insurgés contrôlaient la majeure partie de Tal Afar et la région environnante. Il a fait état de poches de résistance précisant que des soldats, policiers et habitants armés, tenaient certaines parties de l'aéroport. Cinquante civils ont été tués dans les combats ainsi que plusieurs dizaines d'insurgés et membres des forces se sécurité, a-t-il ajouté. Mohamed al-Bayati, chef du comité de la sécurité au Conseil provincial de Ninive et originaire de Tal Afar, a indiqué que 500 à 700 combattants insurgés avaient pris part à l'assaut. Depuis le début le 9 juin de leur offensive, des insurgés menés par les djihadistes sunnites de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont pris le contrôle de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, d'une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine, Diyala (est) et Kirkouk (nord). Plus près de Bagdad, les forces de sécurité irakiennes ont chassé, ce mardi, des insurgés de la ville de Baqouba, au nord-est de Bagdad, dont les djihadistes avaient brièvement pris le contrôle de plusieurs secteurs, selon des responsables de l'armée et de la police. Dans la nuit, «un groupe d'insurgés a lancé une attaque à l'arme automatique à Baqouba», ville située à 60 km au nord-est de la capitale, avant que les forces de sécurité ne repoussent leur assaut. Pour sa part, un colonel de l'armée a affirmé que les insurgés «avaient pris le contrôle des quartiers de Katoun, Mafraq et Mouallemine, dans l'ouest et le centre de Baqouba pendant plusieurs heures, avant que les forces gouvernementales ne réussissent à reprendre ces secteurs». Il s'agit du premier assaut contre la ville de Baqouba, chef-lieu de la province de Diyala depuis le début le 9 juin de l'offensive lancée par des insurgés menés par les djihadistes sunnites de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) qui se sont emparés de plusieurs secteurs importants du Nord du pays, notamment la deuxième ville d'Irak, Mossoul, et sa province de Ninive, ainsi que la ville de Tikrit (160 km au nord de la capitale) chef-lieu de la province de Salaheddine. L'avant et l'après Mossoul Le Premier ministre du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, a déclaré ce mardi à la BBC qu'il «était presque impossible» que l'Irak redevienne «comme avant Mossoul», deuxième ville du pays, sous contrôle des djihadistes sunnites extrémistes depuis la semaine dernière. La semaine passée, lors d'une offensive fulgurante, les djihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) -- qui bénéficient notamment du soutien de partisans du régime déchu de Saddam Hussein -- ont pris le contrôle de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, d'une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine, Diyala (est) et Kirkouk (nord). «Nous devons nous asseoir tous ensemble et trouver une solution, trouver comment vivre ensemble», a-t-il ajouté soulignant qu'il serait «difficile de trouver une solution» avec le Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki. «La solution n'est pas militaire. Il faut un processus politique. La communauté sunnite se sent abandonnée. Il faut que les différentes tribus et communautés soient intégrées dans le processus». «Nous devons laisser les zones sunnites décider mais je pense que le meilleur modèle pour eux c'est d'avoir une région sunnite comme nous avons au Kurdistan»», a-t-il ajouté. Hier, Nechirvan Barzani s'est rendu à Téhéran pour discuter de la situation en Irak, où le gouvernement a lancé une contre-offensive pour stopper la progression des djihadistes. Washington envisage des frappes de drones Face à l'offensive des djihadistes, qui contrôlent également depuis janvier des secteurs de la province d'Al-Anbar (ouest), le secrétaire d'Etat américain , John Kerry a indiqué que le président Barack Obama procédait à «un examen minutieux de chaque option à sa disposition», y compris des frappes de drones. M. Kerry a , par ailleurs , indiqué que Washington était disposé à parler avec Téhéran de la crise en Irak. «Je n'excluerais rien qui puisse être constructif», a-t-il déclaré à Yahoo News qui l'interrogeait sur une éventuelle coopération militaire avec l'Iran. La possibilité d'une coopération entre Téhéran et Washington a fait l'objet de «très brèves conversations», hier, en marge des négociations à Vienne sur le programme nucléaire iranien controversé, a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine. Mais le porte-parole du Pentagone avait plus tôt indiqué qu'il n'y avait «aucune intention (...) pour coordonner des actions militaires entre les Etats-Unis et l'Iran». De gros risques pèsent sur la production pétrolière De gros risques pèsent sur la production pétrolière de l'Irak, pays censé fournir une part significative de l'offre supplémentaire attendue sur le marché d'ici 2019, a affirmé ce mardi l'Agence internationale de l'énergie, se disant «prête à agir». Les projections de moyen terme de l'AIE attribuent au seul Irak trois cinquièmes de la hausse de la production mondiale attendue d'ici 2019, selon ce rapport sur le marché pétrolier. L'Irak doit augmenter son volume de production de 1,28 million de barils par jour d'ici cette date. Cette estimation est «bien inférieure à la prévision ambitieuse de Bagdad», a relevé l'un des auteurs du rapport. Et «elle est sujette à de gros risques», notent les experts de l'organisation, évoquant «des institutions faibles, une bureaucratie lourde, une résurgence dramatique de la violence dans le sillage de la guerre civile en Syrie, qui culmine à l'heure où nous écrivons dans une campagne militaire rapide d'insurgés sunnites». Les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) se sont emparés en quelques jours la semaine passée de plusieurs villes irakiennes et continuaient leur avancée en début de semaine. Pour le moment, les exportations irakiennes de brut n'en ont pas pâti, la production du pays étant concentrée dans le Sud du pays dont les djihadistes sont encore loin.