Les djihadistes, qui ont pris Mossoul et sa province Ninive, Tikrit et d'autres régions de la province de Salaheddine, ainsi que des secteurs des provinces de Diyala et de Kirkouk en trois jours, rencontrent très peu de résistance des forces de sécurité, en attendant une réaction, notamment la contre-offensive annoncée par Nouri al-Maliki. Les djihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), connus pour leur brutalité en Syrie voisine où ils sont très actifs, se trouvaient toujours hier à moins de 100 km de Bagdad, où les rues étaient quasi désertes et les commerces fermés, par crainte de leur arrivée imminente. En attendant, les forces de sécurité irakiennes se préparaient hier à une contre-offensive. Dans un communiqué mis en ligne vendredi soir sur son site, le Premier ministre Nouri al-Maliki, commandant en chef des forces armées, a indiqué que son gouvernement lui avait octroyé des "pouvoirs illimités" pour combattre les insurgés. Il a même affirmé que les forces de sécurité ont commencé à "nettoyer" certaines villes des djihadistes et le gouvernement a annoncé avoir mis en place un plan de sécurité pour défendre Bagdad. Des informations indiquent que les forces de sécurité irakiennes ont repris aux djihadistes trois villes proches de Bagdad. Sur le terrain, les forces de sécurité et des combattants de tribus ont repris hier les localités d'Ishaqi et à Muatassam, des villes de la province de Salaheddine proches de Bagdad, a indiqué le général Sabah al-Fatlawi. Un responsable de la police a indiqué que les corps brûlés de 12 policiers avaient été découverts à Ishaqi. Selon des témoins, la police et des habitants étaient déjà parvenus vendredi, un peu plus au Sud, à chasser les insurgés de Dhoulouiya, qui avaient mis les djihadistes à 90 km de la capitale. Ainsi, des renforts de la police et de l'armée fédérale sont arrivés vendredi à Samarra d'où les forces irakiennes comptent mener une contre-offensive, a indiqué un des commandants responsables de la sécurité locale. L'objectif est de reprendre Tikrit, chef-lieu de la province de Salaheddine, ainsi que Dour et Baiji, et les forces attendaient les ordres avant de commencer leur opération. Samarra, une ville majoritairement sunnite, abrite cependant l'un des grands lieux saints chiites d'Irak, le mausolée des imams Ali al-Hadi et Hassan al-Askari. Et c'est un attentat en 2006 contre ce mausolée qui avait déclenché une guerre confessionnelle meurtrière pendant deux ans. Signe de l'importance de Samarra, Nouri al-Maliki s'y est rendu vendredi pour une réunion de sécurité, alors que des témoins ont indiqué que les djihadistes s'apprêtaient à lancer un nouvel assaut sur la ville après un premier repoussé mercredi. Les experts expliquent la débandade des forces de sécurité notamment par un entraînement lacunaire, la corruption et le climat pesant du confessionnalisme. L'EIIL, qui ambitionne de créer un Etat islamique, est réputé pour ses exactions, rapts et exécutions, en particulier en Syrie où le groupe est très actif. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déjà fait état de la fuite d'environ 40 000 personnes de Tikrit et Samarra, et de plus de 500 000 autres de Mossoul. Gravitant le long de la frontière poreuse irako-syrienne, l'EIIL compte notamment d'ex-cadres et membres des services de sécurité de l'ancien président Saddam Hussein, selon des experts militaires. Merzak T./Agences Nom Adresse email