Naufrage ■ Après la gifle néerlandaise, le coup de grâce chilien. Dominée au Maracanã (0-2), l'Espagne est déjà éliminée du Mondial brésilien. L'Espagne a déjà cédé sa couronne. Battue par le Chili (2-0) mercredi au Maracana, la Roja, championne du monde en titre, est éliminée de la course aux huitièmes de finale avant même d'avoir disputé son troisième match de poules lundi prochain face à l'Australie, elle aussi sortie après son revers contre les Pays-Bas (3-2). Les Chiliens ont envoyé la formation de Vicente Del Bosque au tapis grâce à une excellente première période concrétisée par des buts d'Eduardo Vargas (20') et Charles Aranguiz (43'). D'ores et déjà qualifiés pour le deuxième tour, ils joueront la première place du groupe B face aux Néerlandais lundi prochain. Martyrisée par l'attaque des Pays-Bas pour son entrée en lice (5-1), la défense de l'Espagne a encore affiché ses lacunes contre le Chili. Complètement hors de position sur un ballon perdu par Xabi Alonso, elle a laissé Eduardo Vargas seul face à Iker Casillas sur un centre de Charles Aranguiz. L'attaquant chilien a remporté son duel avec sang-froid (1-0, 20'). Le gardien de la Roja, déjà en difficulté face aux Néerlandais, a encore été malheureux en renvoyant un coup franc d'Alexis Sanchez en plein axe, dans les pieds d'Aranguiz, qui a doublé la mise juste avant la pause (2-0, 43'). La réussite fuit l'Espagne. Avec un break de retard à la pause, l'Espagne a tenté de redresser la tête sous l'impulsion de Koke, entré à la reprise à la place d'un Xabi Alonso méconnaissable. Mais la réussite a souvent tendance à fuir les équipes en plein doute, et la Roja fait désormais partie de ces formations. Diego Costa, bien servi par Andrès Iniesta, a ainsi été repris au moment d'armer sa frappe face à Claudio Bravo (49'). Sergio Busquets n'a pas été plus efficace. En position idéale sur une remise en retourné acrobatique de Diego Costa, le milieu du Barça a trouvé le moyen de manquer le cadre (53'), avant que le portier chilien ne s'interpose sur des tentatives de Cazorla (80', 88') et Iniesta (84'). Trop friable en défense et sans réalisme en attaque, l'Espagne pouvait difficilement espérer faire un meilleur résultat contre ce Chili solide et efficace. Après avoir remporté les championnats d'Europe en 2008 et 2012 et la Coupe du monde en 2010, la Roja tombe de son piédestal, un an après avoir vu sa suprématie s'effriter avec une large défaite contre le Brésil en finale de la Coupe des Confédérations (3-0). Cette défaite synonyme d'élimination scelle probablement la fin de parcours d'une génération exceptionnelle, qui a permis à la sélection espagnole de connaître la période la plus glorieuse de son histoire. Sa couronne est désormais en jeu. Reste à savoir qui va s'en emparer. L'avenir La fin d'un cycle ? Après six années passées le vent en poupe, la génération dorée espagnole a finalement sombré mercredi, après sa défaite (2-0) face au Chili, et une élimination précoce au Mondial, ce qui va peut-être pousser la Roja à faire table rase pour qu'émergent des jeunes. L'Espagne doit désormais changer de cap: les triomphes à l'Euro-2008, au Mondial-2010 et à l'Euro-2012 ont sans doute retardé le rajeunissement d'une équipe dont plusieurs cadres sont apparus hors du coup au Brésil. Mais malgré l'énorme raz de marée de son élimination, l'avenir n'est pas si sombre pour la «Seleccion», qui dispose d'un vivier de jeunes talents assez incomparable pour préparer l'Euro-2016 en France. De fait, cette nouvelle génération frappe à la porte depuis l'été dernier et sa victoire en finale de l'Euro des moins de 21 ans face à l'Italie (4-2), a laissé entrevoir de belles promesses. Dans la lignée de son aînée avec un milieu de terrain très technique composé de Alcantara, Koke, Isco ou Illarramendi, cette "Rojita" disposait de joueurs brillants et évoluant déjà au plus haut niveau européen. Certains d'entre eux comptent déjà plusieurs sélections avec les A, comme Thiago ou Koke, présentés comme les héritiers de Xavi. Mais soit à cause d'une blessure (Thiago, Jesé), soit par choix du sélectionneur (Isco, Moreno...), Koke et le gardien David de Gea sont les seuls à avoir intégré le groupe des 23 pour le Mondial. Le chiffre 4e champion du monde en titre éliminé au 1er tour L'Espagne est le 4e champion du monde en titre sorti dès le premier tour d'une phase finale de Coupe du monde. Les Espagnols rejoignent dans les annales du foot le Brésil de 1966, la France de 2002 et l'Italie de 2010. L'Italie avait déjà connu pareille mésaventure en 1950, mais dans un format très différent de celui utilisé dans l'ère moderne. La Roja, laminée par les Pays-Bas 5-1 en ouverture du Mondial-2014 au Brésil, est la première championne du monde en titre à être éliminée avant même le troisième et dernier match de poules. La déception Del Bosque : «C'est juste» Reconnaissant facilement la supériorité du Chili, les Espagnols vont essayer de rebondir. Del Bosque, sous contrat jusqu'en 2016, ne veut pas que les fans oublient ce qu'a fait son groupe jusqu'à maintenant. «Nous avons été très timides en première période. Après la pause, ils se sont repliés et nous n'avons pas pu jouer. Notre élimination est juste, les Chiliens ont joué leur jeu, avec courage et agressivité. Ils ont été meilleurs que nous. Comme les Pays-Bas d'ailleurs. Je trouve que nous avons quand même démontré une certaine force de caractère. Physiquement, nous pensions être au point, mais non en fait... Petit à petit, on va prendre des décisions nécessaires pour la suite. Cette génération a un avenir, elle n'est pas en décomposition. Il ne faut pas avoir la mémoire courte, ce groupe a tellement donné !».