Le règne de l'Espagne sur la planète football a été durement ébranlé vendredi par la débâcle subie face aux Pays-Bas au Mondial-2014 (5-1) et les champions en titre vont devoir retrouver leurs vertus passées s'ils veulent garder un espoir de conserver leur couronne. La défense délitée Pour son premier match dans cette Coupe du monde, la défense espagnole a encaissé autant de buts que son total cumulé lors des sept rencontres du Mondial-2010 (2) et des huit matches des qualifications pour le Brésil (3). Les vifs attaquants néerlandais se sont régalés en contre-attaque alors que la Roja se croyait invulnérable: mis à part le jeune latéral César Azpilicueta, son arrière-garde était la même que celle qui avait remporté la finale de l'Euro-2012 sans prendre de but (4-0 contre l'Italie). "C'est absolument inexplicable, je ne trouve pas de mot", a déclaré le sélectionneur Vicente del Bosque. Certains réglages n'étaient pas au point. Sur l'égalisation deRobin Van Persie (44), Gerard Piqué était loin d'être aligné surSergio Ramos et ce dernier a été pris dans son dos. "Quand on te met un but juste avant le repos, c'est dur. L'équipe s'est brisée", a estimé Piqué. De fait, après la pause, l'édifice espagnol s'est effondré. Le gardien et capitaine Iker Casillas, l'un des héros de la finale 2010 en Afrique du Sud, déjà face aux Pays-Bas, a symbolisé cette faillite défensive par ses interventions hasardeuses, comme cette relance manquée qui a offert le quatrième but à Van Persie (72). Les grands d'Espagne décevants A l'image de Casillas (33 ans), les cadres espagnols ont semblé dépassés face à la jeunesse néerlandaise. Del Bosque avait pourtant récusé jeudi le qualificatif de "vétérans" pour ces joueurs qui ont remporté coup sur coup l'Euro-2008, le Mondial-2010 et l'Euro-2012. Mais, dans la chaleur de Salvador, au terme d'une saison intense en Liga, les jambes espagnoles ont semblé lourdes, comme elles l'avaient été il y a un an en finale de la Coupe des confédérations face au Brésil (3-0). "C'est la défaite la plus dure de ma carrière sportive, a pesté Xavi (34 ans). Nous avons tous été mauvais. Il faut faire notre autocritique." Le petit meneur du Barça, gardien de l'identité de jeu espagnole, a décliné au fil du match et l'absence de son relais habituel Thiago Alcantara, blessé et resté en Europe, s'est beaucoup ressenti. Quant à Andres Iniesta (30 ans), peut-être le seul à surnager, il a offert plusieurs ballons de but que n'ont pas su concrétiser Diego Costa ou David Silva, lequel a manqué une balle de 2-0 qui aurait mis l'Espagne à l'abri. Une situation désespérée ? "Réparez-nous ça", a titré le quotidien Marca samedi sur une première page noire de deuil. Nombre de joueurs espagnols ont rappelé vendredi soir que la Roja avait débuté sa campagne victorieuse de 2010 par une défaite inaugurale contre la Suisse (0-1). Or, la situation est très différente, en raison de l'ampleur de la déroute: si l'Espagne veut se qualifier en huitièmes de finale, elle doit désormais à tout prix battre le Chili mercredi puis s'assurer contre l'Australie de combler son lourd retard à la différence de buts générale. Les largesses défensives affichées par les Chiliens lors de leur succès vendredi contre les "Socceroos" (3-1) laissent l'espoir à l'Espagne d'échapper au sort de la France en 2002 ou de l'Italie en 2010, tenants du titre sortis au 1er tour. Mais l'affaire reste mal engagée, car avec des Pays-Bas lancés vers la première place du groupe B, une Espagne qualifiée risque d'affronter en huitièmes le Brésil à domicile. Et si on ne retrouve pas la Roja souveraine de ces dernières années, le sceptre risque fort de lui glisser des mains.