Point de vue ■ «Le cinéma algérien reste à la traîne», cette constatation des plus sévères ne vient pas d'un néophyte mais bien d'un spécialiste du 7e art et homme de terrain cinématographique. Il s'agit de Nabil Hadji, chargé de la programmation du Festival du cinéma maghrébin d'Alger. Critique de cinéma et journaliste, Nabil Hadji invité, lors d'une rencontre, par l'établissement Arts et Culture à la bibliothèque arts et culture, a émis des critiques sévères quant à la place du cinéma algérien dans le contexte artistique maghrébin. Considérant la faiblesse des productions filmiques comparativement au Maroc et à la Tunisie, où existe une dynamique cinématographique, il a soutenu que : «L'Etat algérien doit être présent pour accompagner les créateurs et non pas pour les bloquer ou encore les convier dans une machine bureaucratique.» Revenant sur un passé productif dans le domaine du 7e art, Nabil Hadji a rappelé la place dominante, par le passé, de l'Algérie dans ce domaine, aujourd'hui bien en retard face aux pays voisins. Pointant le doigt sur une carence flagrante de politique cinématographique à tous les niveaux, que cela soit dans la production, l'exploitation, la distribution, l'orateur s'est indigné que les porteurs de projets algériens doivent faire appel «à des compétences étrangères». Dans la foulée, il a soulevé également la défaillance de formation des techniciens, qui vient s'ajouter aux nombreuses faiblesses enregistrées dans le domaine. Revenant sur un problème récurrent que sont la gestion et le devenir des salles de cinéma en Algérie, il a rappelé les enveloppes allouées à la restauration de ces espaces, qui ne sont pas des moindres, alors que la durée des films est limitée. Concernant la projection des films algériens à l'étranger le conférencier regrette que cela se limite à des avant-premières nationales ou encore à la projection de quelques longs métrages lors de festivals nationaux de cinéma. Irrité face aux entraves ou à l'inertie des responsables, l'homme soulève nombre d'interrogations notamment sur le futur des salles sombres pour lesquelles l'Etat n'a pas lésiné sur la dépense, sur la production annuelle de films ou encore sur l'importance d'un public cinéphile actuellement en baisse. A cet égard, il a mis en exergue l'engagement de la tutelle concernant le cinéma : «En Algérie, c'est le ministère de la Culture qui soutient entièrement la production nationale.» «La sauvegarde du patrimoine cinématographique reste un problème majeur à solutionner», a-t-il dit. Ainsi, archiver et numériser le patrimoine cinématographique s'impose pour préserver et entretenir la mémoire du cinéma algérien. Le regain du cinéma algérien demeure déterminant selon Nabil Hadji pour qu'il prenne «un nouveau souffle» et un nouveau décollage.