Le cinéma algérien occupe une place importante de par ses réalisations, mais il reste cantonné dans des initiatives individuelles. Le journaliste et critique de cinéma, Nabil Hadji, a été, lundi dernier, l'hôte des rencontres littéraires initiées par l'Etablissement Arts et Culture. Organisée à la bibliothèque Multimédia Jeunesse Didouche Mourad, cette rencontre a permis de dresser un tableau peu reluisant sur le cinéma algérien. La conférence a porté sur la thématique du film algérien dans l'espace maghrébin. Ce spécialiste du cinéma et programmateur du festival de cinéma maghrébin d'Alger n'a pas mâché ses mots en affirmant que le cinéma algérien est aujourd'hui à la traîne, alors que dans un passé récent il était leader dans son domaine. Il va sans dire que la production de films algériens est différente de celle des autres pays du Maghreb. «La dynamique existe en Tunisie et au Maroc par rapport au nombre de films produits. L'Etat algérien doit être présent pour accompagner les créateurs et non pas pour les bloquer ou encore les convier dans une machine bureaucratique», argue-t-il. En Algérie, c'est le ministère de la Culture qui soutient entièrement la production nationale. Ce spécialiste du cinéma note l'absence totale d'une politique cinématographique dans le domaine de la production, de la distribution, de l'exploitation et de la formation des techniciens. «Aujourd'hui, rappelle Nabil Hadji, tous les porteurs de projets algériens font appel à des compétences étrangères». Autre point soulevé par l'orateur, celui relatif à la visibilité des films algériens à l'étranger : «Nous sommes limités à des avant-premières nationales ou encore à la projection de certains films lors de festivals nationaux de cinéma. Le financement alloué aux salles sombres est certes énorme, mais il est regrettable de constater que la durée de ces films est limitée.» Nabil Hadji s'interroge alors : «Où peut-on voir dans ce cas-là tous ces films, alors que l'Etat algérien a injecté des milliards ? Combien a-t-on formé de techniciens depuis cinquante ans ? Combien de films l'Algérie produit-elle par an ? Quel est le nombre de personnes qui se rendent dans ces espaces obscurs ?» Selon l'intervenant, l'épineux dossier du cinéma national doit être pris en charge sérieusement «Il est urgent de penser à la protection du patrimoine cinématographique en archivant les films et en numérisant les salles après les avoir restaurées. Notre cinéma doit se régénérer et prendre un nouveau souffle», conclut-il.