Bonheur Dans un match de haute facture, le Portugal est passé de la joie au doute avant de faire exploser tout un pays de bonheur en battant les Pays-Bas (2-1) et en prenant place en finale. Poussé par son public et boosté par un formidable esprit de gagne, le pays hôte a encore pris plus de risques en développant d?entrée un jeu offensif qui illumine le match. Les Portugais jouent sur les ailes et se procurent déjà quelques occasions comme ces retraits de Deco (6?) à gauche ou de Maniche (8?) à droite, qui prennent C. Ronaldo de court. La rencontre s?équilibre au fur et à mesure, même si les hommes de Scolari demeurent plus tranchants dans leurs tentatives, à l?image de ce débordement et ce tir de Figo intercepté de justesse par Cocu. Puis, profitant d?un corner sur le côté droit bien tiré par Deco, le petit phénomène Cristiano Ronaldo s?élève et, d?un joli coup de tête, ouvre la marque (25?). Dans l?euphorie, le Fenomeno écope d'un carton pour avoir enlevé son maillot. Deux minutes se sont à peine écoulées qu?Overmars se retrouve en bonne position pour secouer les filets de Ricardo, mais son tir est mal cadré. Sous la ferveur d?un public aux anges, les deux équipes se relâchent et attaquent par à-coups. Les Portugais ne renoncent jamais et sont à deux doigts de prendre le large à la 34?, lorsque Deco lance Maniche, ce dernier remet sur Pauleta qui, d?une reprise, force Van Der Saar à l?exploit en mettant la balle en corner. Le capitaine Figo ne sera pas en reste puisque, sur une frappe enroulée à la 40?, il trouvera le poteau du gardien batave. Les Lusitaniens terminent la mi-temps en leur faveur sur un coup franc de Deco qui butera sur le mur. Le potentiel physique des coéquipiers de C. Ronaldo, ayant bénéficié de deux jours de repos supplémentaires, est bien supérieur à celui de leurs adversaires, ce qui leur permet de maintenir la cadence en direction des buts néerlandais. Même si Pauleta passe par une crise de confiance. Lui qui, parti seul face à Van der Saar à la suite d?un centre de son gardien, tire lamentablement dans les bras du portier hollandais (53?). Cinq minutes plus tard, le Portugal obtient un corner sur la gauche, Deco donne à Maniche, la révélation de ce tournoi, qui hume le bon coup à jouer : une frappe imparable bien enveloppée va se loger dans la cage de Van der Saar (2-0) à la 58?. Fabuleux ! Le match est plié ? Non, les Pays-Bas vont tout de suite revenir à la suite d?un but contre son camp de Jorge Andrade qui, en voulant dégager le ballon, lobe son propre gardien. Ce retour inespéré des Néerlandais va relancer les débats et jeter le doute dans le camp portugais. Van Branckhorst hésite à mettre la tête alors que le ballon ne demandait qu?à être envoyé dans les filets. Sentant le danger, Scolari joue de nouveau son coaching, comme ce fut le cas en quart de finale face à l?Angleterre, en faisant entrer Petit (67?), Nuno Gomes (74?) et Fernando Couto (86?) qui vont stabiliser le milieu et la défense devant la déferlante des Orange, toujours en blanc. La balle de match va d?un camp à l?autre, mais les Portugais résistent jusqu?au coup de sifflet final de M. Merk. Avec cette victoire méritée, le Portugal atteint, pour la première fois de son histoire, la finale d?une grande compétition. Il rencontrera dimanche prochain, au stade de La Luz de Lisbonne, le vainqueur du match de ce soir entre la République tchèque et la Grèce. Espéré par tout un peuple épris pour son équipe nationale, le trophée européen a de fortes chances de rester en terre lusitanienne comme l?est la victoire du Premier ministre dans sa course à la présidence de l?Union européenne. Le Portugal s?est offert une bonne et juteuse orangeade, histoire de se désaltérer avant la coupe finale.