Décisive Ce soir, toute la Grèce compte sur son dieu Otto pour la qualifier en finale pour la première fois de son histoire. L'inattendue demi-finale entre la Grèce d'Otto Rehhagel et sa défense de fer et la République tchèque de Milan Baros et son attaque de feu réunit deux équipes que tout oppose, ce jour au stade du Dragon de Porto. Grecs et Tchèques n'ont en commun que l'objectif : une place en finale. Un sommet déjà atteint par les Tchèques en 1976 (victoire de la Tchécoslovaquie sur la RFA) puis en 1996 (défaite contre l'Allemagne). Pour les Grecs, qui n'avaient jamais gagné un match en phase finale de Mondial ou d'Euro, il s'agirait, en revanche, d'une première. Et d'une sacrée surprise. «Nous n'avons rien à perdre, clame le milieu de terrain Giorgios Karagounis. C'est une occasion énorme pour le football grec, il ne faut pas la manquer.» Après avoir battu le Portugal (2-1) en match d'ouverture puis la France (1-0) en quarts, en éliminant au passage l'Espagne (1-1), la Grèce ne veut pas lâcher maintenant, si près de l'Olympe. Rehhagel et ses hommes ont identifié le danger principal à museler côté tchèque : Milan Baros, meilleur artificier de la compétition avec 5 buts. Pour le priver de munitions, il faudra aussi aller chercher le ballon dans les pieds de Nedved, Rosicky et Poborsky, les talentueux pourvoyeurs tchèques. «Nous allons mettre en place un système précis», prévient Rehhagel. Comme d'habitude, serait-on tenté d'ajouter, en songeant aux difficultés rencontrées par Zidane, Henry, Raul, Deco ou Figo face aux Hellènes. Jusqu'ici, les Tchèques ont réussi un sans-faute en accélérant après la pause. Vainqueurs de leurs quatre matches, ils sont les grands favoris de cette demi-finale. Il y a trois semaines, le combat aurait semblé inégal entre des Tchèques déjà cités dans tous les pronostics et des Grecs auxquels l'on ne prêtait pour ambition que de gagner, enfin, un match en phase finale d'un tournoi majeur, Euro ou Mondial. Leur confrontation à Porto est aussi celle de deux entraîneurs qui, quoi qu'il arrive, auront marqué l'Euro portugais. Karel Brueckner, le Tchèque, malin et pédagogue. Otto Rehhagel, le sélectionneur allemand de la Grèce, réaliste et autoritaire. Deux styles opposés, mais des résultats qui parlent pour eux. De l'affrontement de ces maîtres tacticiens dépendra en bonne part le résultat du match. Place ce soir au spectacle.