Environnement A une vingtaine de kilomètres du village de Zhang, les verts pâturages s'ouvrent sur une plaie béante : la mine à ciel ouvert. Edernet, première productrice de cuivre du pays avec 90 000 tonnes de minerai par jour . C?est un enfer d'explosions à la dynamite, d'excavateurs russes et de camions-bennes américains de 120 tonnes. Elle assure, à elle seule, 15% du PNB mongol et 10% des recettes du gouvernement. Quand la mine a ouvert, en 1976, les wagons de minerai montaient vers le nord, à destination du reste de l'Union soviétique. L'entreprise, EMC Edernet, reste la propriété à 50-50 de l'Etat mongol et d'intérêts russes, partiellement publics. Mais à plus de 95% aujourd'hui, les trains filent vers le sud. «Nous n'avons qu'un seul gros client : la Chine», dit l'ingénieur Sergelen. En trente ans, la montagne a été rabotée sur 300 mètres de hauteur. Les 400 mètres qui restent à creuser finiront, comme tout le cuivre mongol, en fil électrique, téléviseurs et autres ordinateurs fabriqués par l'atelier du monde. Au fil des rivières, l'orpaillage est une technique plus artisanale et en principe soumise au monopole de négoce de la Banque de Mongolie. Le pays doit produire, cette année, une quinzaine de tonnes d'or. Mais là encore, les voisins du sud prennent leur part, clandestinement. Ceux que l'on appelle ici les «tortues Ninja» parce qu'ils emportent leur batée comme une carapace sur le dos, se ruent vers l'or mongol en franchissant allégrement la frontière sud. A l'instar de la Californie des années 1880, «il n'est pas possible de surveiller un territoire de 1,5 million de kilomètres carrés, se désole un haut fonctionnaire. La Mongolie se situe entre deux grands empires et aussi entre deux énormes marchés.»