Photo : Riad Par Badiaa Amarni La terre algérienne, si généreuse, n'a pas encore livré tous ses trésors enfouis qu'elle cache précieusement au fond de ses entrailles. En plus du pétrole et du gaz, d'autres matériaux viennent s'ajouter à cette richesse inestimable, néanmoins inexplorée. Même les efforts consentis ne sont pas toujours suffisants pour découvrir les lieux où sont enfouis ces produits, qui interviennent dans différents domaines, entre autres, le bâtiment et les travaux publics. Conscient de cette richesse sous son sol, l'Etat algérien a pris l'initiative de libérer le secteur minier du monopole qui était sien et de l'ouvrir au privé pour lui permettre une meilleure évolution. Car, jusqu'à présent, les résultats escomptés ne sont pas atteints. Et pour cause : explorer un kilomètre carré exige la mobilisation de pas moins de 100 000 dollars, parfois sans résultat dans certains endroits. L'apport du secteur privé, qui est entré en lice à la faveur de la nouvelle loi minière n° 01-10 du 03 juillet 2001, est d'un grand secours pour la découverte de ces richesses. En effet, des opérateurs algériens, mais aussi beaucoup d'étrangers, manifestent de plus en plus d'intérêt pour exploiter les richesses du sol algérien. Des balises ont été faites pour éviter toutes les difficultés qui pourraient entraver le bon déroulement des opérations d'exploration ou d'exploitation de ces substances. Depuis l'avènement de la nouvelle loi minière, de nombreux titres miniers ont été attribués. Pour les substances utiles (roches pour agrégats, calcaire pour ciment, pierres ornementales, argiles pour produits rouges et céramique, gypse pour plâtre, sable de construction et pour verrerie…) destinées au secteur de l'habitat et des travaux publics, l'opération a été lancée la première fois en 2000, et, depuis, elle s'est poursuivie avec comme objectif une moyenne de 4 opérations par année, soit une chaque trimestre. Substances utiles : couvrir les besoins des grands projets A ce jour, pas moins de 26 sessions d'adjudication ont été réalisées ayant permis l'attribution d'un nombre total de 936 sites miniers, dont 538 en exploration et 398 en exploitation. Ces opérations d'adjudication ont permis de générer plus de 6,3 milliards de dinars versés au Trésor public, dont une quote-part de 40% au profit des collectivités locales. L'objectif recherché consiste à développer l'activité minière, laquelle permettrait le renforcement de l'offre des matériaux de construction, notamment les agrégats et le ciment, et ce, à l'effet de répondre dans les meilleures conditions à la forte demande du marché national. Il s'agit là d'un programme arrêté par l'Agence nationale du patrimoine minier (ANPM) afin de pouvoir couvrir tout particulièrement les besoins en agrégats et autres produits, générés par le lancement des grands projets d'infrastructure et d'habitat initiés par les autres départements ministériels. Si, pour les substances utiles, destinées essentiellement aux secteurs de l'habitat et des travaux publics, les opérations d'adjudication sont devenues une pratique courante et connaissent un franc succès auprès des investisseurs, notamment nationaux, un effort devrait être orienté vers la promotion des autres substances métalliques telles que les métaux de base, comme l'or, le fer, l'étain et le wolfram, etc. dans le but d'aboutir à l'ouverture de nouvelles mines. Ces derniers n'ont pas fait l'objet d'une grande exploration et exploitation, l'ANPM a décidé de les booster. C'est dans cet objectif, justement, qu'un premier appel d'offres international a été lancé durant l'exercice 2007, suivi d'un deuxième en 2008 pour la prospection et l'exploration de ces substances. Ces deux appels d'offres avaient permis l'attribution de 26 permis de recherche pour le zinc, le plomb, le cuivre, l'or, le diamant, etc. à plusieurs sociétés étrangères et nationales et avaient permis d'engranger un montant de 14 millions de dollars versés au Trésor public. Le 3e avis d'appel d'offres international a vu son lancement officiel la semaine dernière (25.08.2008) portant sur l'adjudication de 26 sites miniers, dont 9 pour la prospection et 17 pour l'exploration de diverses substances métalliques, tels l'or, le cuivre, le fer, le zinc, l'étain et le wolfram. L'ouverture des offres technique et financière de la prospection est prévue pour le 18.11.2008. Pour l'exploration, l'ouverture des offres techniques est prévue le 12.11.2008, et les offres financières le 21.12.2008. Beaucoup de sites déjà exploités par des étrangers Il faut savoir que les sites retenus pour la prospection sont, entre autres, Touffok dans la wilaya de Tamanrasset qui renferme de l'or. La superficie est estimée à 4 400 ha. Toujours pour l'or, deux autres sites situés à Illizi sont concernés par l'avis d'appel d'offres international. Il s'agit de Ekendouker, d'une superficie de 29 910 ha, et de Tin Massaret, de 4 500 ha, à prospecter. Toujours dans la wilaya d'Illizi, il y a lieu de découvrir du cuivre molybdène à Isseknane (2 500 ha), et du fer à Ihedane Adjedjedou sur une superficie totale de pas moins de 44 925 ha. A Aïn Sefra, dans la wilaya de Naama, il s'agit d'explorer le cuivre sur une surface de 56 770 ha. Ce matériau fera aussi l'objet d'exploration à Rahmani (Béchar), sur une superficie de 61 880 ha. Djebel Feltane, à Mila, et Ihouhaouene, à Tamanrasset, sont deux sites concernés respectivement par l'exploration du plomb-zinc (2 052 ha), et par les terres rares sur une surface totale de 33 360 ha. Pour l'exploration, sur les 17 sites retenus, nous citerons Tin Ezzararine, Tekouyat et Timoletine à Tamanrasset pour l'or, Boumaiza-Tebeiga à Skikda pour le fer magnétite, Djebel Ichmoul à Batna pour le plomb barytine, et Belelieta à Annaba pour le wolfram. Concernant le plomb-zinc, sept sites ont été retenus, entre autres, Djebel Zdimm, Aïn Kahla et Kharzet Youcef dans la wilaya de Sétif. Le wolfram-étain sera, quant à lui, exploré à travers trois sites, Djilouet à Illizi, Alemeda et Tin Amzi El Karoussa à Tamanrasset. Il faut savoir aussi que beaucoup de sites sont déjà en exploitation depuis la promulgation de la loi minière, laquelle attire des investisseurs nationaux et étrangers. Les entreprises étrangères, qui sont en partenariat avec des sociétés algériennes, sont «Gold Mine Australie», pour l'exploitation de l'or de Tirek-Amesmessa dans le Hoggar, avec Enor-Sonatrach, «Terramin Australia» pour le zinc de Oued Amizour, avec Enof, Maghreb minerals (Au-Cu de Tan Chaffao, Hoggar, avec l'ORGM, et, enfin, la société chinoise Shaolin pour le zinc-plomb de Boukhedma, et le Bureau d'exploration et de recherche minière de la province chinoise de Henan pour le zinc et le plomb d'El Abed. Vu l'intérêt que suscitent ces matériaux chez les entreprises étrangères et les compagnies minières, il est attendu que leur nombre se multiplie dans les prochaines années, eu égard à l'explosion des prix des matières premières liés à la très forte demande mondiale. L'avenir du secteur des mines, après des années d'oubli, est aujourd'hui plus que prometteur. B. A. Quelques substances que renferme le sol algérien Le diamant : la recherche a été menée dans la région de Reggane où l'identification d'un placer a déjà livré plus de 1 500 grains de diamant. Les travaux de recherche se poursuivent dans cette zone, mais l'effort de recherche est orienté depuis peu vers la découverte de sources primaires, notamment dans la partie du craton Ouest africain. L'or : il existe actuellement plusieurs gisements d'or localisés essentiellement dans le sud du pays, dans la région du Hoggar. Le gisement de Tirek, situé à 400 km de Tamanrasset, a des réserves géologiques de l'ordre de 730 000 tonnes. Le gisement d'Amesmessa, à 460 km à l'ouest de Tamanrasset, a des réserves géologiques de l'ordre de 3,38 millions de tonnes.Le gisement de Tiririne-Hanane, situé à 450 km à l'est de Tamanrasset, a des réserves géologiques de l'ordre de 481 100 tonnes. Le gisement d'In Abegui a des réserves estimées à 2 807 000 tonnes. Les réserves mises en évidence sont de l'ordre de 100 tonnes. Quant au potentiel global, il est estimé à plus de 200 tonnes. Le fer : l'essentiel du potentiel géologique se trouve dans le sud-ouest du pays, avec 3,5 milliards de tonnes. Il s'agit des gisements de Mecheri Abdelaziz et de Gara Djebilet, situés à 250 km à l'est de Tindouf. Le potentiel localisé dans le nord du pays est évalué à environ 70 millions de tonnes répartis entre les gisements de Ouenza et Boukhadra. Il y a aussi le potentiel de Djebel Hanini à Sétif, estimé à 12 millions de tonnes. Le plomb-zinc : son potentiel est estimé à 150 millions de tonnes de minerai et est localisé principalement dans le nord du pays. Les perspectives de développement sont contenues principalement dans la mise en valeur du gisement de zinc et de plomb de Oued Amizour à Béjaïa (11% de zinc et 3,2% de plomb avec une épaisseur moyenne de 49 m). Le phosphate : les réserves sont évaluées actuellement à 2 milliards de tonnes, localisées dans le bassin phosphatier de Djebel Onk à Tébessa et exploitable à ciel ouvert. Ces réserves ne constituent qu'une partie de celles que recèlerait le bassin phosphatier. Des possibilités de partenariat sont offertes. Le wolfram-étain : ce potentiel est évalué à environ 123,6 tonnes pour le wolfram (métal), à 36,6 tonnes pour l'étain (métal) et est localisé dans le massif du Hoggar. Les terres rares : le potentiel est estimé à 13,76 tonnes de tantale à 0,02% de teneur dans le minerai, 4,12 tonnes de niobium à 0,006% de teneur, et 133 tonnes de niobium à 0,187% de teneur. Le granite : son potentiel pour pierre ornementale est répandu en Algérie. Les possibilités d'exploitation de cette substance existent de couleur variée dans le pays.