Tizi Ouzou Le procès se déroule le 21 juin 2004. Un homme répond d?un acte immonde : il a tué son épouse puis a jeté son corps au fond d?un puits? Alors que tout le confond, l?accusé tient tête aux membres de la cour, sans ciller : «M. le président, je jure que je n?y suis pour rien dans la mort de mon épouse. Je suis innocent ! ? Comment expliquez-vous votre absence le jour de l?enterrement ? ? Je n?ai pas eu vent de ce décès? ? Vous l?avez délaissée il y a de cela quinze mois? Pouvez-vous nous en donner la raison ? ? La défunte était ma seconde épouse... Nous nous étions unis il y a un peu plus d?une année. Je suis parti car nous nous disputions souvent, et avant mon départ, elle m?avait déclaré qu?elle aussi allait me quitter pour se rendre à Alger, dans sa famille. ? C?est la raison pour laquelle vous n?avez plus donné signe de vie ? ? Exactement, M. le président. ? Mais enfin, on ne quitte pas femme et maison comme cela, sur un coup de tête ! ? Je devais partir... ? Avouez plutôt que vous avez monté un plan machiavélique afin d?éliminer cette malheureuse femme de la manière la plus cruelle qui soit ?» Les faits de cette troublante affaire remontent au 19 mai 2001, au village de Tamlouka, dans la commune d?Azeffoun. Il fait bon dans les champs et un petit garçon, qui garde son troupeau, est soudainement «agressé» par une odeur nauséabonde émanant d?un puits. Il s?en approche, regarde et découvre avec horreur le cadavre d?une jeune femme. Il s?empresse alors d?en informer son père qui, à son tour, alerte la gendarmerie. Le cadavre est vite identifié. Il s?agit de S. O., seconde épouse de Mohamed S., disparue il y a à peu près quinze mois. Après une minutieuse enquête, on procède à l?arrestation de S. M. qui nie avoir une quelconque relation avec cette «odieuse découverte», dira-t-il d?un air choqué. Il s?en tient aux mêmes propos tout au long d?un fatigant procès qui se déroule au tribunal criminel de Tizi Ouzou, le 21 juin dernier. Une personne entre cependant en scène, une personne dont l?accusé ne soupçonnait probablement pas la présence. Il s?agit de la mère de la victime, qui l?accuse ouvertement de l?assassinat de sa fille. «C?est lui qui a tué ma fille. Il n?y a aucun doute là-dessus, M. le président. ? Qu?est-ce qui vous fait dire cela, madame ? ? Depuis leur union, il n?a apporté que déceptions et désagréments à la défunte, M. le président. A maintes reprises, il l?a menacée de mettre fin à sa vie et de la jeter dans un puits, et cela en ma présence. ? Pourquoi aurait-il tué votre fille ? ? Il était dépensier. Ma fille était très économe et lui interdisait de toucher à l?argent destiné à la construction de leur maison à Azeffoun. Mais il a trouvé un moyen de l?arnaquer et s?est offert une luxueuse voiture avant de partir sans laisser d?adresse? C?est un assassin. Je ne lui pardonnerai jamais !» Le procureur général dresse un dur réquisitoire en mettant en exergue la gravité des faits. «L?accusé ne mérite aucune clémence. Je requiers la perpétuité à son encontre», dira-t-il. La cour se retire afin de délibérer et revient avec son verdict : Mohamed S. est condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire avec préméditation sur la personne de S. O., sa seconde épouse.