Depuis plus de deux années, le secteur de l?éducation est troublé par les manifestations subséquentes des différents syndicats. Des grèves, des journées de protestation et des sit-in ont été observés par les enseignants pour dénoncer les conditions précaires d?exercice. Beaucoup a alors été dit sur les enseignants que les uns plaignaient et soutenaient alors que d?autres les traitaient d?irresponsables, car compromettant, disaient-ils, la scolarité de leurs enfants. En vérité, ces «parrains de la nation» ne sont que de simples citoyens. Ils souffrent, comme tout le monde, de la crise du logement, de la misère sociale, de la pauvreté, de la diminution du pouvoir d?achat,? Pourtant, «on» leur demande de bien éduquer, de former, de produire. L?enseignant doit donner le meilleur de lui-même, écouter, comprendre, patienter et expliquer plusieurs fois. Pourtant, il ne dispose d?aucune aide pédagogique et sociale, d?aucun confort matériel et moral et, très souvent, d?aucune formation. Nos enfants aussi souffrent. Ils apprennent dans des conditions insupportables. Souvent, ils sont victimes de maltraitance, de mépris, d?indignation et d?humiliation. Ils servent parfois d?exutoire pour les maîtres qui déversent sur eux toute leur colère et leur déception. Les élèves en souffrent, les parents et l?Algérie aussi. L?école est une deuxième famille. Dès sa première année, l?enfant passe plus de temps en classe, avec ses camarades et son enseignant, qu?à la maison. C?est pour cette raison qu?il doit se sentir aimé, protégé et sécurisé pour apprendre et s?épanouir. L?éducateur doit aussi mettre en évidence son intelligence, éveiller sa curiosité et développer son sens de l?analyse. Un débat qui a lieu ailleurs. Dans ce dossier, nous donnons la parole aussi bien aux enseignants qu?aux élèves. Les enseignants, sont-ils des victimes ou des coupables ? Peut-être les deux à la fois, pour certains en tout cas.