Conférence La dernière édition du café littéraire de la saison qu?organise la Bibliothèque nationale a été animée par l?homme de théâtre irakien Djaouad El-Assadi. D?abord, l?artiste a évoqué sa relation avec son pays, l?Irak, qu'il a quitté sous la contrainte en 1976 durant les années de plomb du régime de Saddam. Puis son retour à Bagdad. Mais son retour fut un choc. «Le retour en Irak est sacré», dit-il. Et d?ajouter : «Je suis rentré parce qu?il fallait que je rentre ; et mon retour a été brutal, car j?ai trouvé un pays loin d?être celui que j?avais quitté dans les années 1970. J?ai trouvé un pays complètement ravagé par l?anarchie et le chaos. C?est avec tristesse et désolation que je retrouve un pays détruit tant sur le plan moral que matériel. J?ai décidé alors d?y rester pour participer avec des amis d'autres disciplines artistiques à la reconstruction de la sécurité culturelle au niveau des théâtres, des salles de cinéma et des galeries d'art.» Depuis son retour en Irak, Djaouad El-Assadi ?uvre avec ses amis à lutter pour restituer à la culture sa place dans la société. Djaouad El-Assadi est un homme de théâtre connu pour ses écrits de dramaturgie et son talent de metteur en scène. Sa carrière lui a valu plusieurs prix. L?une de ses pièces qui ont marqué les planches du théâtre arabe est Oubliez Hamlet. «La pièce est une invitation pour l'homme de culture arabe à insuffler la vie au texte littéraire», dit-il. C?est-à-dire chargé le matériau (le texte) d?émotions et d?impressions ainsi que de l?esprit. Toutefois, il ne faut pas se laisser influencer par les tendances politiques et les courants idéologiques qui pèsent sur l?Irak. Car ce genre d?interférences risque de diminuer la valeur de l??uvre littéraire et d?enfermer l?artiste dans un carcan stéréotypé. «Je ne mettrai ni ma pensée ni mon corps dans une case politique. Je pense plutôt à monter et à montrer un théâtre ?privé?, indépendant des agitations politiques et des conflits d?idées, à travers lequel je formerai trois spécialités : l'art dramatique, la musique et la danse.» Il a, en effet, cette volonté et ce souci d?innover en matière de dramaturgie. Il travaille à y apporter de nouveaux éléments, de nouvelles pratiques et une esthétique nouvelle, donnant ainsi naissance à un théâtre plus contemporain, plus adapté au contexte où il prend forme et vie. Son objectif n'est d?ailleurs pas de devenir un réalisateur de théâtre international, mais d??uvrer à réconcilier l'esthétique du théâtre et la violence cumulée en la personne arabe. Djaouad El-Assadi est diplômé de l'Institut de l'art théâtral de Bagdad en 1974 et détenteur d'un doctorat d?art dramatique de l'Université de Sofia. Il a écrit et réalisé plusieurs pièces, dont La révolution des Noirs de Moine Bessissou, Le Viol de Saâd Allah Ouanous, Les deux bonnes de Jean Jhony. Il a également écrit La Mort par texte, La Planche du texte et Oubliez Hamlet. Avant son retour à Bagdad, El-Assadi occupait le poste de conseiller culturel au ministère de la Communication à Abou Dhabi. Lors de son allocution de clôture de la saison culturelle de la Bibliothèque nationale, son directeur, Amine Zaoui, a affirmé que la clôture des activités ne signifiait pas fermeture de la bibliothèque en été. Il a annoncé que les activités culturelles de la BN pour l'année prochaine seront également programmées dans les sept annexes des villes de l'intérieur afin de faire bénéficier leurs hommes de culture du mouvement culturel d'Alger.