Evocation La Bibliothèque nationale a abrité, dimanche, la 9e édition du café théâtre avec une invitée de marque. Fouzia Aït El-Hadj a évoqué sa première expérience dans le domaine théâtral : «J?ai commencé à faire du théâtre dès l?âge de 4 ans. J?ai joué dans une pièce pour enfants, Le Chat botté, c?était une expérience extraordinaire et inoubliable.» Ensuite, elle a rappelé les années où elle pratiquait le théâtre à la salle communale de Hussein Dey, une époque dont elle garde de grands souvenirs, car cela lui a permis d?approfondir ses connaissances quant à l?art scénique et d?y accumuler de nouvelles expériences. Fouzia Aït El-Hadj a également confié à l?assistance que le théâtre, pour elle, est une passion. «C?est quelque chose qui est en moi», dit-elle. Et de reprendre : «La fibre artistique, je la tiens de mon père qui est poète de langue amazighe. Il m?a inculqué l?amour de l?écriture.» Plus tard, Fouzia Aït El-Hadj rejoint le groupe d?action théâtrale d?Alger, une troupe qui activait sous la bannière du socialisme. «A l?époque, c?était le socialisme ; toute la jeunesse était animée par des idées révolutionnaires. On était motivé et plein d?entrain. On activait dans un dynamisme sans limite avec l?espoir de participer aux changements de la société par le biais du théâtre», souligne-t-elle. Plus tard, elle quitte la troupe, parce que «j?ai fini par ne plus y croire», et que «c?était devenu beaucoup plus des discours politiques, où la scène du théâtre devenait un lieu de propagande des idées idéologiques. On ne faisait plus du théâtre, on faisait de la politique». Fouzia Aït El-Hadj n?a cependant pas renoncé au théâtre. «J?ai fait une tentative d?écriture, mais ça n?a pas donné lieu à édition, peut-être parce que ce n?était pas encore le moment.» Ensuite, elle devait rappeler son itinéraire et sa formation en ex-URSS et en Italie avant son retour au pays en 1985 pour rouvrir les sections de spécialisation à l?Institut national des arts dramatiques (lnad) qui avaient été fermées en 1972 lorsque l'institut avait été détourné de sa mission initiale pour se confiner dans celle de former des animateurs pour les maisons de la culture. A partir de 1986, elle se consacre, dans un premier temps, au théâtre pour enfants, avant de se lancer dans le théâtre pour adultes. Fouzia Aït El-Hadj est l?auteur Sbitar fi Maascar, une pièce de théâtre présentée, l?année dernière, au Festival de Amman, en Jordanie. «La pièce a eu beaucoup de succès», dit-elle. Abordant ensuite l'épineuse question de la langue du théâtre, à la lumière de la présentation de sa pièce à Amman, où le public local avait eu des difficultés à suivre le spectacle, Fouzia Aït El-Hadj dira qu'«une ?uvre théâtrale constitue un tout» et qu'elle «ne conçoit pas ses ?uvres en fonction d'une participation à des festivals» auxquels elle tient, évidemment, à participer, mais avec les ?uvres «que je confectionne pour mon public». Des intervenants ont remarqué que les Moyen-Orientaux ont, de tout temps, éprouvé des difficultés à suivre une ?uvre algérienne de cinéma, et de théâtre spécialement. Une donne que d'aucuns ont expliquée par «une certaine absence d'ouverture chez nos frères du Machreq», alors que les pays du Maghreb ont, de tout temps, bien accueilli les produits artistiques et littéraires venant du Moyen-Orient. D'autres intervenants ont minimisé le rôle de la langue dans l??uvre théâtrale dans la mesure où le théâtre fait appel à d'autres moyens de communication comme la gestuelle, l'expression corporelle et «la folie des artistes sur scène». La rencontre a été clôturée par la présentation d'une scène de sa comédie Sbitar fi Maascar qui avait été présentée au TNA et, rappelons-le, au Festival de Amman, l'an dernier.