La feuille de coca, produit de consommation traditionnelle dans les Andes mais aussi ingrédient de base de la cocaïne, met depuis vingt ans la Bolivie pratiquement sous tutelle américaine. En Bolivie, les partis traditionnels ont pour habitude d'envoyer la liste de leurs candidats à toutes les élections à l'ambassade des Etats-Unis pour s'assurer de leur soutien. Un échec du référendum et, partant, de Carlos Mesa, pourrait s'avérer désastreux : il pousserait Evo Morales, le chef des producteurs de feuilles de coca (cocaleros) de la région du Chaparé à se radicaliser. Or, depuis quelques mois, cet homme, longtemps bête noire des Américains, ne renie plus le système politique bolivien, comptant même faire des municipales de décembre 2004 un tremplin pour l?élection présidentielle de 2007. Que son parti revienne à des positions plus dures, en ralliant les syndicats ouvriers de l'Altiplano ou les mouvements indigènes extrémistes, et c'est toute la région andine qui pourrait s'embraser, alors que la situation est aussi très tendue au Pérou et en Equateur. Une instabilité aux portes de la Colombie et du Venezuela que les Américains redoutent plus que tout.