Revers Savourer un fruit frais en pleine canicule a son prix. Pourtant pas chers, les fruits de saison créent un gouffre financier dans les ménages qui ne peuvent cependant pas s?empêcher d?en consommer à volonté. L?été bat son plein. La chaleur atteint des pics peu enregistrés en de pareilles saisons. Le thermomètre s?emballe non sans causer des désagréments, aux citadins surtout. En cette période caniculaire, le commun des mortels se rabat généralement sur les boissons rafraîchissantes et autres primeurs. La consommation de ces produits devient frénétique. Les étalages de fruits sont littéralement pris d?assaut. Il ne se passe pas un jour sans que nous fassions un petit crochet par le vendeur du quartier pour se délecter du nectar des fruits de saison. Le melon, la pêche, les raisins? sont classés au top du hit. On dépense sans compter. La plupart ne se contente pas d?un fruit unique. Il faut dire que l?attrait est grand, suscité essentiellement par ce besoin de se rafraîchir le gosier. Le parfum dégagé par ces produits et qui embaume l?atmosphère des marchés ne laisse personne indifférent. Bardé de sachets «noirs», tout le monde se hâte, en fin d?après-midi, à rentrer chez soi pour entamer «le fruit» de la journée. Le plaisir est tellement intense qu?on promet de remettre cela le lendemain. L?argent devient secondaire devant l?extase d?un fruit frais et juteux. Flairant la bonne affaire et l?envie irrésistible des passants, les revendeurs saisonniers occupent le macadam. Kouba, 1er-Mai, rue de Tanger, place des Martyrs, rue de Chartres, marché Nelson de Bab El-Oued, et bien d?autres endroits encore de la capitale et d?ailleurs vivent au rythme de la saison chaude. On ne peut rester indifférent devant les étals, souvent de fortune et aux couleurs exotiques. La vente à la criée nous attire comme un aimant. Hypnotisés, les gens mettent la main à la poche sans hésitation. Tel un réflexe pavlovien, la vue de ces produits provoque une réaction instantanée. Réguliers ou à la sauvette, les petits marchands provoquent un engouement certain. Jouant sur les prix, ils ont fini par créer un mode de consommation délaissé auparavant par la faiblesse du pouvoir d?achat. Les ananas à 100 DA pièce, les raisins à 60 DA le kilo, les pêches à 50 DA? de quoi satisfaire les plus récalcitrants. Comment y résister. Riches et pauvres s?approvisionnent pour une fois à la même source. Seules les quantités diffèrent. Pour les bourses moyennes, c?est enfin la fiesta. Une table garnie de fruits, quel bonheur ! Les revendeurs, souvent des jeunes chômeurs à longueur d?année, arrivent à écouler leurs marchandises sans grande difficulté. Chaque jour, ils s?approvisionnent au niveau des marchés de gros situés à la périphérie d?Alger. Et chaque jour nous avons droit à une myriade de fruits frais que beaucoup de pays nous envient. Dans les ménages, c?est la recherche des recettes pouvant accommoder les fruits à toutes les «sauces» : en cocktail, dans des gâteaux, en compote, en confiture en salade ou simplement présentés dans des corbeilles qui font le bonheur tant des jeunes que des moins jeunes. Cependant, le revers de cette «folie» est cuisant. A raison de 150 DA jour, la facture, à la fin du mois, est «salée ? sucrée». En moyenne, rien que pour le dessert, les dépenses avoisinent les 4 000 DA / mois. Les bons moments ont leur prix.