La rue commerçante qui borde la mosquée et donne sur le marché aux légumes constitue, depuis quelques jours, un véritable plaisir des sens. Sur une vingtaine de mètres, de part et d'autre de la rue, sont alignés des marchands de primeurs, réguliers ou occasionnels, (jeunes chômeurs, lycéens, étudiants, pères de famille dans le besoin…), dont les fruits rivalisent de formes, de parfums et de couleurs : pommes, oranges, pastèques, melons, figues, prunes, pêches, abricots, bananes, fraises, cerises... croquants, juteux, fermes ou fondants, acides ou sucrés, savoureux ou légèrement fades, charnus et cueillis à maturité. ces fruits abondants, qui annoncent l'été, ont le parfum de la gourmandise et celui de la tentation. D'autant que les prix s'accommodent, peu ou prou, du pouvoir d'achat des uns et des autres. Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses (ou presque) selon que le fruit est précoce, tardif ou de pleine saison, selon, aussi, la grosseur de son calibre, sa fraîcheur et sa variété. les prix vont de 25 DA pour des pommes à cuire plutôt qu'à consommer telles quelles, à 300 DA pour les beaux bigarreaux, cerises qu'on enveloppe du regard sans oser s'en approcher. Les nèfles et les abricots dont c'est la pleine saison, tout comme les pêches dont certaines variétés vont durer jusqu'à l'automne, représentent le gros des étals. Parfumés et colorés à souhait, ils “filent” littéralement en raison de leur rapport qualité/prix. Toutefois, si certaines personnes chargent leurs malles de ces fruits savoureux, d'autres hésitent longtemps avant de se lancer dans un “aâtini r'tal”, car, aujourd'hui, 20 DA à mettre dans le dessert, c'est beaucoup, encore, pour tant de gens... F. SEMAN