La ruée Laisser fondre les glaçons dans un verre de limonade agrémentée d?une rondelle de citron constitue un moment d?évasion dont le prix n?a que peu d?importance. De juillet à août, ce qui correspond à la période des grandes chaleurs, il est souvent conseillé de prendre beaucoup d?eau. La transpiration du corps est telle que l?on ne peut faire fi de ce conseil. Pour cela, les boissons gazeuses sont privilégiées. Le marché regorge de marques prestigieuses «made in» et d?autres de chez nous. Les magasins d?alimentation générale n?arrivent souvent pas à satisfaire la demande quant à certaines marques. Les comptoirs frigorifiques sont sollicités sans arrêt. Et l?approvisionnement se fait chaque jour. Un dépositaire de la rue Belouizdad, nous confie qu?il éprouve des difficultés à s?approvisionner régulièrement chez l?un des fabricants les plus renommés sur la place d?Alger. En effet, non loin de là, des colonnes de camions attendent patiemment leur tour pour faire leur plein de cageots. La demande est certainement si forte que même l?apport des produits étrangers peine à combler le déficit de l?offre. A partir de 25 DA la bouteille jusqu?à 70 DA, rien ne peut éteindre cette envie de se désaltérer au goulot et de savourer le pétillement des bulles dans le gosier. Encore une fois, on ne fait plus attention aux dépenses qui, pourtant, gonflent de jour en jour. Il est vrai qu?à raison de deux bouteilles de limonade par jour le prix est de 100 DA pour les marques étrangères et de 50 DA pour les locales. Une simple opération arithmétique fait ressortir que nous consacrons un budget de 1 500 à 2 500 DA/ mois uniquement pour ce liquide. La guerre des bulles s?explique donc. Le propriétaire d?un magasin d?alimentation générale dans un des quartiers populaires d?Alger déclare qu?il lui arrive d?écouler plus de 700 bouteilles/jour. «Très souvent, je suis contraint de fermer le magasin pour aller m?approvisionner chez le dépositaire.» Autres temps autres m?urs. Les marchands des jus «synthétiques» et autres trouvent l?appât du gain en proposant aussi des breuvages dans des sachets en plastique d?un litre. C?est du soi-disant jus de citron fabriqué à base d?acide citrique. A raison de 20 DA le litre, les clients ne manquent pas. Surtout les jeunes qui, pour éviter les conséquences souvent néfastes pour la santé provoquées par les boissons gazeuses, en consomment à volonté. Tout s?achète durant la saison estivale. Les gens, comme frappés par une léthargie, n?ont qu?une seule envie : étancher leur soif. A côté d?un repas léger, souvent des salades qui ne demandent pas un grand investissement, les fruits et les boissons rafraîchissantes se taillent la part du lion. Là aussi, la note est, au fil des jours, salée. Mais les ménages semblent s?y accommoder. Car le lendemain c?est le même scénario qui se produit. Et cela jusqu?à la fin de l?été.