Sacre La plus vieille compétition du monde, la Copa America, a souri, hier soir, pour la septième fois, au Brésil. Les Auriverde, sans leurs stars habituelles, ont battu l?Argentine en finale grâce aux tirs au but (4-2). Delgado, en larmes, arrivait à peine à contenir sa tristesse à l?issue d?une série de tirs au but qui s?est révélée fatidique aux Argentins, détenteurs du record de victoires dans une compétition qui fête ses 88 ans. Les Argentins ont de quoi être frustrés et tristes, eux qui tenaient leur quinzième trophée entre les mains à quelques secondes seulement de la fin du temps additionnel après que Delgado eut marqué le but de la victoire à cinq minutes du temps réglementaire. Disputée dans la pure tradition sud-américaine, avec beaucoup d?engagement et d?altercations, la finale très attendue entre les deux favoris du tournoi n?a pas atteint les cimes de la virtuosité. L?enjeu et le duel de suprématie entre les deux rivaux du tournoi des Amériques ont tué quelque part le spectacle, mais pas le suspense. Dans le stade national de Lima, l?Argentine a mené à deux reprises à la marque. Dès la vingtième minute, Kelly Gonzales est fauché par Luizhao dans la surface de réparation. L?arbitre paraguayen Carlos Amaroy siffle un penalty que transforme victorieusement le même Gonzales. Mais dans le temps additionnel de la première période, Luizhao rectifie le tir en égalisant pour le Brésil. Les deux équipes se neutralisent. Les Argentins sont plus entreprenants en seconde période et leur entraîneur, Marcelo Bielsa, joue sa tête dans cette compétition. Son coaching de la 63e minute s?avérera fructueux, puisque Delgado, qui a remplacé M. Gonzales, parvient à tromper la vigilance du portier brésilien, Juan Carlos, à la 85e minute, à la suite d?un joli contrôle et d?un tir foudroyant dans le petit filet. Les Argentins, qui avaient tiré déjà sur le poteau, semblaient contenir un Brésil privé de ses vedettes habituelles (Ronaldo, Ronaldinho, Cafu, Dida, Carlos Alberto, Kaka?) et qui n?arrivait pas vraiment à imposer sa loi. Mais en football, rien n?est gagné à l?avance et le dernier Euro nous a édifiés sur ces retournements de situation dans le temps additionnel. Et c?est ce qui arriva à la 94?, lorsque Adriano arrive à contrôler une longue balle venant de la droite au milieu de trois défenseurs argentins avant de fusiller le gardien Abbondanzieri. Un coup fatal au moral d?une Argentine qui ne parviendra plus à relever la tête durant la séance des tirs au but. En effet, les deux premiers tireurs, D?Allessandro et Heinze, ont raté leurs essais, contrairement à leurs adversaires, plus en confiance qui réussiront les leurs par la grâce du meilleur buteur du tournoi, Adriano (sept buts), mais aussi d?Edu, de Diego et de Juan. Ce sacre envoie les 180 millions de Brésiliens dans une grosse bulle de bonheur alors que le sélectionneur Carlos Parreira considérait que cette Copa America ne représentait qu?un «laboratoire» pour essayer de nouveaux joueurs. Une nouvelle équipe, considérée de seconde zone, mais avec des joueurs qui évoluent dans des championnats européens, comme Mancini (AS Roma), Maicon (Monaco) Edu (Arsenal) ou Klebersson (Manchester UTD). Deux ans seulement après leur victoire en Coupe du monde, les Auriverde s?installent cette fois-ci sur le toit des Amériques en succédant aux Colombiens, vainqueurs en 2001, même s?ils restent loin de l?Argentine et de ses 14 titres. Le Pérou, qui a accueilli cette 41e édition, a reçu le trophée du fair-play et de la bonne organisation d?une compétition qui s?est longtemps recherchée entre une formule itinérante et une périodicité instable avant d?opter pour un tournoi unique. Une nouvelle formule qui sourit depuis aux Brésiliens champions à quatre reprises.