Dans cet entretien, Ahmed Chaïb, membre de la Fédération des boulangers, affiliée à l?Union générale des commerçants et des artisans algériens (Ugcaa), nous livre les difficultés qui entravent le métier. InfoSoir : Les boulangers protestent. Qu?en est-il de la situation actuelle ? Ahmed Chaïb : Depuis plus de deux ans, la situation est désastreuse. Tous les prix des produits qui entrent dans la fabrication du pain ont été multipliés par quatre. Cette crise découle des prix des céréales qui ont connu une flambée au niveau international. Il faut souligner que l?Algérie dépend à 80% de l?importation du blé. C?est pour cette raison qu?aujourd?hui le boulanger n?arrive plus à joindre les deux bouts. Certains ont fermé et d?autres ont changé carrément d?activité. A titre d?exemple, à la rue Didouche-Mourad, il y avait dix boulangeries. Actuellement, il n?en reste qu?une seule. Même si nous n?avons pas de chiffres exacts, beaucoup fuient la profession pour sa difficulté et son gain dérisoire. Le boulanger perd de l?argent. Vous évoquez des conditions de travail pénibles, lesquelles ? Tout d?abord, le boulanger travaille la nuit. Il faut préparer le pain à partir de 2 h pour le vendre le lendemain, dans la matinée. Ainsi, le boulanger ne connaît ni les jours fériés ni les jours de fête. La seule journée de repos par semaine ne lui suffit même pas à faire ses courses ! Vous aviez annoncé, il y a quelques jours, le recours à une grève nationale pour faire entendre vos revendications. Cette proposition est-elle maintenue ? Nous allons vers une grève, c?est certain. La plateforme de revendications est soumise actuellement au ministère du Commerce, elle est à l?étude. Nous soulignons dans ce document que le boulanger n?a plus de marge bénéficiaire. Il n?a même pas le salaire d?un travailleur ordinaire. En ce moment, nous sommes en négociations avec les parties concernées. Si des mesures ne sont pas prises, le secteur risque de mourir à petit feu. Où en sont vos négociations ? Nous entretenons de bons rapports avec les autorités, mais les négociations traînent. C?est un secteur névralgique et personne n?ose prendre la responsabilité de trancher. Vous avez effectué une visite à travers les boulangeries des différentes wilayas. Quel est votre constat ? Les boulangeries de l?intérieur du pays, situées dans les villages reculés et les petites villes, subsistent. Les boulangers des patelins amènent l?eau à dos d?âne et la farine à dos de mulet. Ce sont des conditions pénibles. L?anarchie règne aussi.