5000 boulangeries ont fermé parce que le prix de revient dépasse largement le prix d'achat de la baguette. Vent de colère chez les boulangers. Ils réclament une augmentation de la marge bénéficiaire. «Nous ne revendiquons pas l'augmentation du prix du pain, mais une meilleure marge bénéficiaire qui nous permet de continuer notre activité professionnelle», explique le président de la Commission nationale des boulangers, également secrétaire général par intérim de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), M.Maâmar Hantour. S'exprimant hier au cours d'une conférence de presse, M.Hantour souligne que «le prix de la farine raffinée servant à la fabrication du pain uniquement ne cesse d'augmenter, nos charges sociales aussi» Et de poursuivre: «Comment faire face à nos contraintes supplémentaires générées par les hausses des factures d'eau et d'électricité?» Il y a aussi, ajoute-t-il, «les augmentations des prix de diverses matières comme le sel et la levure qui ont connu de multiples hausses depuis 1996». En résumé, le prix de revient dépasse largement le prix d'achat de la baguette, affirme l'orateur. Fixé par un décret du 13 avril 1996, le prix actuel de cet aliment de base, que les Algériens consomment en grande quantité, pénalise les boulangers dont certains estiment qu'ils travaillent désormais à perte. Le prix administré de la farine est cependant cédé aux boulangers à 2000DA. C'est un des aspects du soutien indirect des pouvoirs publics qui penchent aussi pour une formule d'abattement fiscal au profit de cette catégorie. «On ne la trouve jamais sur le marché à moins de 2600DA», rétorque un boulanger d'Alger. Vu ces difficultés, sur un total de 17.000 boulangers, 5000 boulangers ont baissé rideau. «Quand ils n'ont pas changé d'activité, ils se reconvertissent dans la pâtisserie, plus lucrative», explique M.Hantour. Cette disparition des boulangers s'expliquent également par la prolifération de commerces fabriquant les galettes «khobz eddar» ou pain maison. Le conférencier a indiqué que «ces commerçants achètent la farine au même prix que les boulangers. Seulement eux, ils ont la liberté de fixer le prix de leur galette selon leur souhait. Ce dernier varie entre 20 à 35DA.» S'ajoute à ces difficultés, «le phénomène du pain vendu dans les échoppes de l'alimentation générale, en plus du pain qui se vend sur les trottoirs. Le pain doit être vendu dans les boulangeries, excepté dans les quartiers où il n'y a pas ce genre de commerce, là on peut mettre des dépôts de pain disposant de toutes les commodités et de l'hygiène afin de satisfaire les besoins des consommateurs», propose l'intervenant. Sur un autre registre, le conférencier a indiqué que «l'Algérie est le premier pays consommateur de pain dans le monde. L'Algérien consomme environ 500 grammes de pain par jour. Notre pays importe environ 3 millions de tonnes de blé tendre par an pour fabriquer uniquement le pain. Pour ce faire, il y a 300 moulins actifs à l'échelle nationale». M.Hantour considère que «l'actuel pain blanc fabriqué à base de farine raffinée et de l'amidon n'est pas idéal pour la santé car il n'est pas nutritionnel, selon les scientifiques. Cela ne veut pas dire qu'il est nocif mais le mieux est d'opter pour le pain amélioré». Enfin, le président de la commission nationale des boulangers affiliée à l'Ugcaa a annoncé la participation de l'Algérie au Mondial du pain. Ce concours international se déroulera du 24 au 25 janvier 2009 à Lyon en France. 11 pays issus des 5 continents sont attendus à cette 2e édition, à savoir: l'Algérie, la Belgique, la Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, la France, l'Italie, le Japon, le Liban, le Mali et la Suisse. Pour rappel, l'Algérie était classée 3e pour la catégorie du pain nutritionnel après l'Italie, 2e et la Corée du Sud 1re en janvier 2007, lors de la 1re édition tenue à Lille en France. Dans le classement général, l'Algérie était classée 6e, avec un lauréat originaire de Ghardaïa, le boulanger Bougalia Moussa, alors que la Palme est revenue à l'Italie.