Conflit La cohabitation entre un couple et la belle-maman est souvent à l?origine de différends. Bengharifa, le président de la section pénale? du tribunal, a mis trente-quatre minutes pour découvrir qui a poussé Ali à insulter sa ? mère? hop ! Il a fallu un interrogatoire mené tambour battant pour permettre au tribunal d?avoir une idée bien ancrée? C?est terrifiant d?assister à un procès mettant aux prises des parents à leur progéniture. C?est humiliant pour ces mêmes parents de répéter les insultes (quand ce ne sont pas de grosses injures) proférées à leur encontre par leurs enfants. C?est révoltant de ne pas entendre un seul mot d?excuse à la barre, provenant des inculpés pour insultes envers les parents. Le magistrat avait tenu à obtenir une réconciliation à la barre. Mon ?il. M. Ali, 41 ans, père de famille (et oui) n?a pas eu un mot gentil, allez, n?hésitons pas et disons? écrivons une seule gentillesse, pas le moindre regard dans lequel on pouvait y lire des remords, rien, Ouallou ! Indifférent, il ne se défendait même pas. ? Que vous a dit entre autres votre fils ? questionne le juge mal à l?aise dans de pareilles situations, sans quitter des yeux de l?inculpé qui baisse la tête. ? Il m?a traitée de vieille sorcière, de vieille espagnole (ce qui en soi est une injure et une insulte d?une extrême gravité dans la région). Ali éclate de rire. Sa s?ur, debout à ses côtés, grimace. La maman demande le témoignage de son autre fils (elle en a six !). Le président l?appelle côté du banc réservé au public. Il s?avance, il perd la mémoire. Il devient subitement amnésique. Il est visiblement du côté du frangin inculpé. Le juge comprend le manège et tentera de trouver qui est derrière le mauvais comportement du fils indigne, après exactement trente-quatre minute d?efforts et de questions précises et pressantes, le prévenu craque : «Elle n?aime pas ma femme? Et puis je veux?». «Et voilà», s?écrie triomphalement le magistrat. Le procureur requiert vivement trois mois de prison ferme. La jeune menue avocate pour la partie civile, était plus que gênée, mais elle se devait d?effectuer son boulot en écrasant son c?ur alors que ses clients, des larmes. «Elle fait» ses demandes en regrettant vivement cette situation et espère que le fils reviendra à de meilleurs sentiments : quarante mille dinars, à titre de réparation symbolique, juste de quoi le marquer «matériellement», et pourquoi pas le rapprocher des vieux parents. Il y a trop de ranc?ur, de haine car une bru qui n?a pas été adoptée dès les premiers jours de l?union, ne peut plus aimer l?entourage? Avant de condamner Ali à un an de prison avec sursis, le juge demande au frais condamné à plus de retenue envers sa famille sans exclusive, à défaut de quoi, le sursis peut se «geler» et devenir de la prison ferme.