Ahmed Fattani, Benchicou, Dilem et Mirou sont tous en liberté provisoire. Le directeur du quotidien algérien Le Matin, Mohamed Benchicou, et le caricaturiste de Liberté, Ali Dilem, ont été interpellés samedi par la police pour «audition», a-t-on appris auprès de ces deux journaux. MM.Benchicou et Dilem avaient refusé de répondre à des convocations de la police, se conformant ainsi à une décision de ne donner suite qu'à des convocations de la justice. Après trois convocations sans réponse, les journalistes sont invariablement interpellés par la police, emmenés au commissariat central pour interrogatoire, puis devant un juge. M.Benchicou, arrêté dans la rue à El-Harrach après sa sortie du tribunal où il est sommé de «pointer», est poursuivi pour un article paru le 31 décembre tandis que M.Dilem est arrêté lui aussi dehors, pour un dessin publié le 27 septembre, jugé attentatoire à la personne du chef de l'Etat. En vérité, le directeur du quotidien Le Matin est poursuivi pour plusieurs éditos et chroniques parus durant l'année écoulée. Selon le rédacteur en chef, l'édito intitulé «L'heure du front contre Bouteflika» et un autre sous la signature Chahinez ont été interprétés comme contenant des propos préjudiciables au président de la République et au clan présidentiel. Il a été reproché au directeur du quotidien la parution d'un autre article intitulé. «La République de la pharmacie Boualgua» dans lequel il est fait mention de l'implication de la femme du ministre de l'Intérieur, M.Zerhouni. Contactée par téléphone, la rédaction en chef entend alerter l'opinion nationale et internationale sur «l'instrumentalisation des services de sécurité et de l'appareil judiciaire dans une entreprise visant à museler la presse ou du moins faire taire certains titres gênants au travers des articles dénonciateurs mettant en évidence l'implication de personnes évoluant à l'intérieur des sphères politiques et précisément au sein du sérail de la présidence». M.Benchicou, laissé en «liberté provisoire» estime que «c'est la grande offensive de l'administration de Zerhouni et du clan présidentiel au dessein de mettre au pas la presse à la veille de la présidentielle» ajoutant que «demain (aujourd'hui) c'est M.Boughanem, directeur du Soir d'Algérie qui sera cité à comparaître et comme il ne répondra pas à la convocation, il sera, lui aussi, interpellé par les policiers». Il est à rappeler que le directeur du quotidien Le Matin a fait l'objet d'une multitude d'interpellations et de présentation devant la justice où il fut mis sous contrôle judiciaire. Pour rappel, cette condamnation est survenue après une accusation de «tentative de transfert illégal de fonds» portée à l'endroit du directeur arrêté à l'aéroport en possession de bons de caisse. Mercredi dernier, le directeur de L'Expression, Ahmed Fattani, et le chroniqueur Mirou, avaient, également, été interpellés par la police, puis inculpés par un juge pour «offense envers le chef de l'Etat». Pour l'heure, M.Ahmed Fattani et le chroniqueur Mirou sont en liberté provisoire et devront, comme M.Benchicou et les autres confrères, attendre le verdict final qui sera prononcé à l'issue du procès dont la date sera déterminée ultérieurement. A souligner qu'un véritable bras de fer oppose, depuis plusieurs mois, une partie de la presse privée aux autorités, à la suite de dénonciations de scandales touchant des hautes personnalités de l'Etat. A juste titre, le Code pénal algérien avait été amendé, il y a plus d'une année, durcissant les peines pour atteinte au chef de l'Etat et instaurant une auto-saisine du parquet pour ces délits. Les journalistes et les éditeurs entendent ne pas se laisser faire en dénonçant «la cabale menée tambour battant par l'administration de Zerhouni à l'endroit des titres de presse et des journalistes qui les composent».