Starter L?élite du football reprend, dès ce vendredi, le chemin des stades pour la 43e édition du championnat national. Quel regard peut-on porter sur une compétition coincée entre folles promesses et une réalité faite d?incertitudes et d?amateurisme ? Vendredi 20 août, une date doublement historique pour le pays qui fêtera le 49e anniversaire de la grande offensive du Nord-Constantinois par l?Armée de Libération nationale et le 48e anniversaire du fameux congrès de la Soummam. C?est cette date que choisit la Ligue nationale de football (LNF) pour donner le coup d?envoi officiel de la saison 2004-2005, et comme pour chaque rentrée, les 16 équipes de l?élite se sont parées de leurs plus beaux atours ou du moins ont essayé de le faire. Chaque club, selon ses moyens et ses ambitions, a mis à profit l?intersaison pour faire ses emplettes côté effectif et engager, pour certains, un entraîneur avant de se consacrer à une préparation de fond. Evidemment, tendance mais surtout nécessité oblige, la plupart des clubs ont choisi l?étranger pour affûter leurs armes. Dans des contrées plus clémentes et surtout superbement outillées pour la préparation, les équipes algériennes se sont régalées. Les gazettes spécialisées, qui ont mis le paquet cette année en matière de couverture en dépêchant un grand nombre d?envoyés spéciaux, ont rendu compte des conditions parfaites et de l?ambiance qui a régné sur chaque lieu de stage. Passés donc les moments d?efforts et de plaisir, place à la réalité du terrain. Rien ne vaut la compétition pour jauger ses forces et se rendre compte de ses faiblesses et autres lacunes. Les matchs disputés, dont certains gagnés contre des équipes de seconde zone, ont souvent chassé l?enthousiasme estival pour laisser s?installer le doute ou au pire, la crise. Un exemple : au CR Belouizdad on avait bien crié à la bonne préparation, la saison dernière avant de frôler le pire au cours de l?exercice qui suivit en sauvant de justesse sa place en nationale 1. Un autre exemple sur la (triste) réalité d?un football qui se cherche : le Mouloudia d?Alger, de retour d?un stage dit-on bénéfique en Pologne, a eu tout le mal du monde pour trouver un terrain en? gazon naturel afin de préparer son match de vendredi contre le GC Mascara. Par-ci, «Allô, la caserne ?», par-là «allô, Rouiba ?» ou «Tchaker, à Blida». Ne parlons pas de comment l?USM Alger prépare sa Ligue des champions africaine, ou pourquoi le CS Constantine a dû quitter précipitamment son lieu de stage à Hammam Guergour, ou bien pourquoi le NA Hussein Dey a été chassé, une première fois, de l?hôtel Mouflon d?Or. De folles promesses, oui peut-être, mais surtout et encore des incertitudes. Il n?y a pas de quoi s?exciter lorsque votre équipe nationale traîne à la très peu reluisante 79e place au classement FIFA ou à l?avant-dernière place de son groupe qualificatif à la CAN et au Mondial 2006. Il n?y a pas de quoi crâner lorsque vos équipes de jeunes (espoirs et juniors dernièrement) sont balayées et privées de grands rendez-vous mondiaux et continentaux. C?est rageant de voir des équipes voisines, comme le Maroc et la Tunisie, prendre part au tournoi des jeux Olympiques en compagnie du Mali et du Ghana, et pas l?Algérie. C?est inquiétant de savoir que la direction technique nationale est sous intérim et sans programme sérieux de travail, à moyen et long terme, avec des staffs étoffés et stables. C?est frustrant de ne pouvoir disposer de terrain de vert gazon pour entraîner toutes les catégories, des poussins jusqu?aux seniors. Et puis où sont nos stars ? Saïb, le maestro, a raccroché, Benali tente de perpétuer la tradition des grands numéros 10, alors que Badj essaye de faire durer le plaisir. Au milieu de quelques Africains au parfum exotique, le meilleur, Achiou Hocine, n?a pas réussi à trouver une chaussure pro à son pied, se faisant même mettre à la porte par un anonyme entraîneur de ligue 2 française, un certain Serge Romano ; c?est navrant d?assister à des feuilletons du genre Decouré, au double dossier, ou à ceux de Zaoui et Tahraoui, suspendus par leur président sans compter les 800 millions ou plus d?un Bouabadallah, le seul à avoir signé à l?étranger dans une sorte d?extase incompréhensible et puis le must, la fugue de Bourahli de son cher Sétif pour rejoindre la fortune étalée de Allik.