Reportage ■ La question du médicament générique n'en finit pas de susciter de vives réactions, notamment parmi les patients. Amer, rencontré dans une pharmacie du centre d'Alger et qui souffre d'une maladie cardiovasculaire depuis des années, n'imagine même pas se traiter avec des médicaments génériques. «Je préfère me traiter avec des médicaments ‘d'origine' car plus efficaces». De plus il nous indique que son médecin lui a toujours prescrit ce type de produits. Ce constat est loin de concerner les seules maladies chroniques. Une dame accompagnant sa fille, qui demandait un traitement d'appoint contre la fièvre, a elle aussi choisi des médicaments d'«origine», en dépit de leur prix élevé. Elle explique qu'elle avait déjà utilisé des génériques, mais a constaté «qu'ils guérissaient moins vite que les princeps». Pour le pharmacien, les malades doutent à tous les coups de l'efficacité du générique. Cette méfiance se traduit par des expressions et des questionnements désormais familiers : «Est-ce vraiment le même médicament ?», «Donnez-moi le vrai, je suis prêt à payer !» ou encore «je préfère ma marque habituelle». Or, parole de spécialistes, un générique est aussi vrai que son princeps. Le doute est facilement levé lorsque l'on connaît les différentes étapes que traverse le processus de contrôle des produits pharmaceutiques, tous types confondus, avant leur commercialisation, insiste le pharmacien. «L'obstacle principal à la prescription de médicaments génériques provient, à mon avis, de la méfiance, peu argumentée, des médecins à leur égard et d'une faible communication sur le sujet», selon le gérant de l'officine. Intervenant dans la conversation, une dame, parmi les rares personnes à choisir le générique, pour des raisons de coût, se dit un peu désorientée par le grand nombre de génériques qu'on lui propose, à chaque fois, pour un même princeps. «Il est devenu fréquent qu'une personne se voit proposer un médicament différent de celui prescrit par le médecin», fait remarquer cette dame, qui se demande pourquoi les médecins ne prescrivent pas de médicaments génériques au lieu du princeps afin que cela ne prête plus à confusion. Selon les statistiques, la consommation de médicaments génériques en Algérie est cependant en «constante évolution» et touche actuellement plus de 35% des patients traités, alors qu'en 2008, elle ne dépassait guère les 10%. Cette évolution est attribuable surtout aux campagnes de sensibilisation menées par les pouvoirs publics et les acteurs du secteur de l'industrie pharmaceutique pour promouvoir la consommation du générique. Même si ces dernières restent, selon plusieurs témoignages, insuffisantes...