Résumé de la 19e partie ■ Madame Claire se rendit à la bibliothèque pour savoir ce que les autres détenues pensent au sujet de l'évasion de Maureen... L'arrivée de la visiteuse fut saluée par de joyeux «Bonjour, madame Claire !» qui la rassurèrent immédiatement : malgré l'interdiction de venir qui lui avait été faite pendant plusieurs jours, sa popularité n'avait pas diminué chez les détenues. Comme elle s'y attendait, la discussion s'engagea sur le sujet qui préoccupait encore tout le monde : l'évasion de Maureen. Les détenues n'en finissaient pas de s'extasier sur l'exploit de l'Irlandaise et elles espéraient que madame Claire serait de leur avis. — C'est formidable, en effet, ce que Maureen a accompli, reconnut-elle. Il fallait beaucoup d'énergie et de volonté pour franchir le mur de la prison. Seulement, où cela va-t-il la mener ? Vous devez bien vous douter qu'elle est maintenant recherchée partout et que son signalement a été transmis aux frontières comme dans les aéroports ! Alors ? — Pour le moment elle court toujours ! répondit Agnès, une petite blonde malicieuse affectée au nettoyage des couloirs et des escaliers qui avait coutume de passer toutes ses pauses en bibliothèque. Quand on n'est pas coincée dans les trois où quatre jours qui suivent l'évasion, on a des, chances de s'en tirer. — A l'heure qu'il est, Maureen est peut-être déjà en Afrique ! enchaîna «la Camerounaise», ainsi nommée parce qu'elle était née à Yaoundé et que son teint révélait sans peine ses origines. — Pourquoi en Afrique ? demanda la visiteuse. — Parce que c'est immense. Et qu'on peut s'y cacher facilement. Moi, je sais bien que si j'avais pu faire comme elle, je serais partie en Afrique, avec le copain qui m'aurait aidée à m'évader. — Maureen n'a peut-être pas eu de copain, insinua madame Claire. — C'est impossible, madame ! reprit «la Camerounaise». Pour apporter l'échelle, il a bien fallu un complice. — Ou une complice, répliqua Agnès. — Tu veux dire une autre détenue ? Mais elles seraient parties ensemble ! Plutôt que de continuer cette discussion qui la mettait quelque peu mal à l'aise, madame Claire préféra s'adresser à la bibliothécaire, qui jusque-là était demeurée silencieuse. — Et vous, Solange, que pensez-vous, de cette évasion ? — Rien. — N'aimeriez-vous pas vous enfuir d'ici, vous aussi ? — Je ne sais pas... Une curieuse fille, cette Solange... Pas très grande mais bien en chair, brune aux beaux yeux clairs, elle n'était vraiment pas bavarde. Repugnant aux confessions personnelles, elle ne s'animait que lorsqu'on l'interrogeait sur son nouveau métier de bibliothécaire. Elle avait lu la plupart des romans qu'elle proposait sur ses rayonnages et elle savait en parler avec une telle conviction qu'on pouvait se demander parfois si elle ne les avait pas elle-même écrits. A suivre