Etat des lieux ■ La scène footballistique algérienne est toujours en ébullition avec toutes les affaires qui la secouent et des présidents de clubs qui continuent de tenir l'affiche sur le plan médiatique. Tel un volcan toujours en ébullition, le milieu du football algérien est en cesse en activité, mais pas souvent dans le sens que l'on veut et que souhaitent les puristes de la balle ronde. Un milieu où les présidents de clubs font et défont l'actualité. Ils sont très rarement sanctionnés, ils s'accrochent éperdument à leurs postes et passent la majorité de leur temps sur les différents médias pour ne pas se faire oublier. Leurs visages deviennent alors familiers et cela peut leur ouvrir toutes les portes. S'ils se trompent, ils ne sont jamais foutus à la porte comme le sont les entraîneurs, devenus de simples jouets entre leurs mains. Ils sont versés dans l'affairisme et tentent même des percées politiques, sans lendemain. Quand les supporters grondent, ils font le dos rond et balancent n'importe quelle information, juste pour jeter la faute sur les autres et se disculper vis-à-vis de l'opinion. Dans les médias, qu'ils occupent matin et soir, contrairement à leurs homologues sous d'autres cieux, ils disent une chose le matin pour rappeler son contraire l'après-midi. Et les exemples sont légion. De Hammar à Hannachi, en passant par Medouar, le président déguisé en porte-parole, et même le sieur Kerbadj, ils sont tous des orateurs invétérés, mais qui se contredisent, se chamaillent comme des chiens de faïence avant de faire l'accolade. La semaine dernière pour un banal match de championnat entre la JSK et l'ASO, toute une polémique – stérile d'ailleurs – est née pour la domiciliation de cette rencontre au stade de BBA. A la fin, on assista à un triste et fade (0-0), disputé par des joueurs payés à coups de millions de dinars, devant des gradins vides. Un match à oublier, mais pas la photo où l'on voit Medouar et Hannachi ensemble souriants, histoire de dire : «Alors les imbéciles, on vous a eus encore une fois !». Prenez Hammar, le boss Sétifien qui passe pour un bon communicateur parmi les présidents lorsqu'il évoque le huis clos de son club face au TP Mazembe. Tantôt, il donne raison à la CAF en affirmant que «la sanction est logique et que cela doit donner à réfléchir aux supporters», et tantôt «c'est une cabale contre l'ESS orchestrée par la CAF pour se venger de la mort d'Ebossé». Puis que dire de l'attitude de l'autre président, Amani, du RCA, qui limoge son entraîneur alors qu'il venait de gagner un match en mettant fin à l'invincibilité de 24 matchs de l'USMA. Les présidents de clubs, et à quelques exceptions près, passent leur temps à pleurnicher, à commenter les décisions des instances et à quémander de l'argent. Et quand l'un d'eux frappe sur la table ou porte des accusations très graves, il est vite contenté pour que l'affaire soit mise au placard des oubliettes. Beaucoup n'ont pas oublié le fameux feuilleton entre le président de la JSK et le président de la FAF au sujet de l'affaire du match à arranger avec le Ahly du Caire. Qu'en est-il aujourd'hui ? L'affaire a été classée, retirée de la justice, les deux présidents ont fait la bise grâce à un autre personnage rentré par effraction dans le football (Omar Ghrib) et tout est beau et gentil. Qui arrêtera les dirigeants et surtout les présidents de clubs ? Ils peuvent même passer de président à manager d'un club aisément, et vice-versa, sans sourciller, sans déontologie aucune. On peut disserter pendant des jours et faire trois thèses de doctorat sur les présidents de clubs en Algérie, mais chacun sait qu'ils ont grande part dans la déliquescence et la régression de notre football.