Comportement ■ L'entraîneur de la JSK, Hugo Broos, a démissionné à l'issue de la victoire, hier, de son équipe face au NAHD (2-1) au stade du 20-Août 1955 à cause de son... président ! Chaque week-end sportif apporte son lot d'événements triste et loufoque, au choix. Si la semaine dernière, on a eu droit à la sortie inattendue de l'arbitre-assistant Mounir Bitam et ses graves accusations à l'encontre des premiers responsables de la ligue de football professionnel et son homologie de la commission fédérale des arbitres, et qu'il y a quelques semaines, c'était le décès tragique d'Ebossé, hier en ouverture de la cinquième journée, on a eu droit à une autre feuilleton peu reluisant de notre sport-roi. Il s'agit de la démission de l'entraîneur de la JS Kabylie, le Belge Hugo Broos à l'issue de la victoire de son équipe en déplacement au stade du 20 août 1955 face au NA Hussein-Dey (2-1). Mais alors où est le problème ? Des entraîneurs qui démissionnent ou limogés, cela est courant dans notre football. Eh bien, c'est la raison de ce départ qui laisse perplexe. En effet, Broos a démissionné de son poste à cause de son président, le désormais fantasque Moh-Chérif Hannachi qui est venu la veille du match avec une feuille sur laquelle étaient écrits les noms des joueurs qui devaient jouer ! Là aussi, ce n'est pas un fait nouveau dans notre foot, puisque les dirigeants et les présidents en particulier ont toujours eu leur mot à dire sur le plan technique, à des exceptions près. Dans un article, paru jeudi sur nos colonnes, on évoquait déjà l'hégémonie de certains présidents sur leurs clubs respectifs et l'impact qu'ils ont sur la régression de la discipline sur tous les plans. Mais là où le bas blesse, c'est qu'à la fin du match, Hannachi a non seulement reconnu fièrement avoir fait l'équipe et «nous avons gagné», alors que la semaine dernière, elle a été tenue en échec par l'ASO Chlef quand c'était lui qui a aligné le onze rentrant. Puis d'enfoncer le clouavec «cet entraîneur est limité !» Ah ya Si Hannachi, il y a quelques jours seulement, vous nous disiez que Broos était l'un des meilleurs techniciens passés par l'Algérie. Maintenant, il devient nul et a tous les défauts, non sans souligner le fait qu'il soit Belge, car Hannachi affirme que son club a eu une mauvaise expérience avec les techniciens de ce pays, faisant allusion à Telman qui est passé par-là également. Le président se dit avoir tous les droits, y compris sur le plan technique. Dans ce cas, pourquoi Hannachi ne prend-il pas carrément l'équipe et ferait les frais des salaires de ses entraîneurs qu'il consomme comme des chewing-gums ? Des entraîneurs qu'il choisit lui-même, dont il loue les qualités avant de les descendre en flammes. Du coup, la JSK se retrouve sans entraîneur après que Broos ait claqué la porte, alors qu'il était sur le point de le faire déjà après le décès d'Albert Ebossé. Il l'a d'ailleurs précisé hier dans une déclaration, juste après le match, qu'il ne voyait plus le challenge de la JSK intéressant vu que l'équipe dispute ses matchs à huis clos et qu'elle soit suspendue de toutes les compétitions africaines durant deux ans (décision non encore confirmée par la CAF). Pour le remplaçant, tentera-t-il le coup à son tour, sachant qu'il risque d'être bouffé tout cru, comme l'ont été tous ceux qui sont passés avant lui, y compris ceux qui ont tenté l'expérience plus d'une fois, comme Aït Djoudi ? A. Salah-Bey La perf' Les Canaris se ressaisissent Accrochés à domicile lors de la précédente journée par l'ASO, les Canaris se sont ressaisis de fort belle manière hier face au NAHD dans le match avancé de la 5e journée. Bousculés lors du premier quart d'heure par les hommes d'Aït Djoudi, les camarades de Rial se sont vite repris pour aller porter à leur tour le danger devant les bois de Ghalem. Mais en dépit des occasions que les deux équipes se sont créées, le score est resté vierge jusqu'à la mi-temps. Le fait saillant de ce premier half c'est l'expulsion, pour cumul de cartons, du défenseur de la JSK, Ziti (43'). Au retour des vestiaires, Broos, ou plutôt Hannachi, a procédé à un changement en faisant rentrer le jeune Aiboud à la place de Khodja. Un changement qui s'est avéré fructueux puisque c'est ce même joueur qui a réussi à tromper Ghalem à l'heure de jeu. Une ouverture du score méritée pour les Kabyles, époustouflants malgré leur infériorité numérique. Continuant leur pressing, les Jaune et Vert sont parvenus à corser la note à la 77' par le jeune milieu de terrain Ferrahi. Menés par deux buts à zéro, les coéquipiers de Metref, qui ont raté un bon nombre d'occasions durant la partie, ont réussi à réduire la marque dans le temps additionnel (90'+3) par Ouznadji. Une réalisation insuffisante pour les Sang et Or qui n'ont pas gouté encore à la victoire et qui ferment la marche au classement. Cette position risque de titiller la confiance des joueurs mais aussi de l'assurance aux dirigeants du club, qui doivent s'attendre a un mécontentement de leur public avide de voir leur équipe engranger un premier succès. M. K. L'alibi Hannachi : «Bross est limité et Menad sera contacté» Interrogé au sujet de la démission de Broos et les raisons qui l'ont poussées à le faire, Hannachi n'a pas été avec le dos de la cuillère pour fustiger le technicien belge. D'emblée, il a déclaré : «Oui, c'est moi qui ai imposé le onze rentrant à Broos et je ne vois aucun mal à cela. Je l'ai fait car c'est un entraîneur limité. Je leur ai dit de suivre mon conseil. Avant le match, j'ai communiqué les noms des joueurs qui devaient débuter le match et j'ai eu raison. Nous avons gagné par 2 buts à 1. Je suis le président et j'ai le droit de donner mon avis». Loin de se contenter de cela, Hannachi est remonté jusqu'à Telman : «Nous avons une mauvaise expérience avec les entraîneurs belges (il fait allusion à Telman, ndlr). Broos est un entraîneur têtu. Il n'en fait qu'à sa tête. Nous avons, donc, pris la décision de s'immiscer dans son travail pour la bonne cause. Aujourd'hui, on a fini par s'imposer et je suis heureux de ce résultat. Maintenant, qu'il a démissionné, on va étudier la situation. Il est lié par un contrat à la JSK. Nous allons étudier demain sa démission avec les membres du conseil d'administration. Il y a un règlement et on ne part pas comme ça sans prévenir», a ajouté Hannachi avant d'annoncer son intention de contacter Djamel Menad pour succéder au Belge. «Pour nous, ce n'est pas un problème que Broos parte. Je tiens à vous dire que dès demain, je prendrai attache avec Djamel Menad pour lui proposer l'idée de prendre l'équipe. Pour le moment, il n'y a rien d'officiel. Tout sera plus clair dans les prochains jours», a-t-il conclu. Le départ Broos : «Impossible de travailler avec lui» Hugo Broos, dont les jours étaient déjà comptés depuis quelques semaines, a annoncé officiellement hier sa démission, mais aussi celle de son adjoint, Zemiti et du préparateur physique, Boudjenane. La raison de cette décision est liée à l'attitude du président Hannachi, qui s'est immiscé dans le volet technique, chose qualifiée d'inacceptable par Bross. «Je démissionne à cause du président Hannachi. C'est inacceptable ce qu'il a fait. Ma décision est irrévocable. Je l'ai prise dans la soirée d'avant-hier. C'est inacceptable qu'un président s'immisce dans le travail de son entraîneur. Je ne pars pas à cause de la mort d'Ebossé ou de celle du Français Gourdel, mais car je n'accepte pas qu'on m'impose des choix tactiques ou des joueurs», a expliqué Broos. A propos de la victoire, le belge dira : «Je suis très heureux de cette victoire. Notre succès est largement mérité et les joueurs sont à féliciter. On n'a pas bien débuté la rencontre, mais on a réussi une belle deuxième mi-temps. L'expulsion de Ziti nous a un peu perturbés, mais les joueurs ont fait le nécessaire en seconde période. Je leur ai annoncé ma démission et celle de mon staff dans les vestiaires». La démission de Broos n'est pas une surprise puisque les dirigeants n'ont pas cessé de le critiquer depuis quelques jours de cela. La solidarité Zemiti et Boudjenane claquent aussi la porte Outre la décision du belge, Hugo Broos, de quitter la JSK, c'est son adjoint Zemiti et le préparateur physique, Boudjenane, qui lui ont emboité. Zemiti et Boudjenane l'ont fait par solidarité avec le coach belge qui leur avait annoncé son départ avant-hier en soirée, suite au comportement du président qui ne s'est pas gêné pour s'immiscer dans la composante de l‘équipe en imposant certains joueurs a son entraîneur.