Alerte «Un enfant sur deux n?a aucune chance de terminer sa scolarité ou de trouver un emploi plus tard.» «Puisque l?Algérie est riche, pourquoi sommes-nous pauvres ?» Cette question, souvent formulée par la rue algérienne, a constitué vendredi l?objet d?une conférence organisée par le FFS. A la différence de la rue, Mohand Amokrane Chérifi, invité du parti, spécialiste des questions économiques et expert auprès de l?ONU, a décortiqué la question, chiffres et données précises à l?appui. Il précise que cette question lui est souvent posée par des experts étrangers étonnés devant un paradoxe aussi criant. En effet, il suffit d?évoquer les 34 milliards de dollars de réserves de change, les 24 milliards de dollars de recettes d?exportations de cette année ainsi que toutes les réserves d?or pour attester de la richesse de l?Algérie. Par ailleurs, le fait que la moitié des Algériens vit avec moins que le PIB évalué à 1 800 dollars pour chaque habitant, «ce qui veut dire que l?Algérien vit avec 3 dollars jour, à savoir 300 DA, ce qui est le seuil de pauvreté», est une démonstration de la pauvreté de la population. En outre, la 108e place que l?Algérie occupe, en matière de développement humain, sur 177 pays selon le classement opéré cette année par le Pnud, en dit long sur la situation notamment si l?on sait que le même organisme classait l?Algérie à la 107e place l?année dernière. La population est donc non seulement pauvre, mais l?est de plus en plus : «En 2000, l?ONS avait recensé 2,5 millions d?Algériens, soit 30% de la population active, qui approche les 8,5 millions, sans travail. Maintenant, c?est pire, car la plupart de ceux qui travaillent sont dans le secteur informel. Donc, ils n?ont aucune couverture sociale», a affirmé le conférencier. Celui-ci est catégorique : «La pauvreté qui s?accroît en s?urbanisant, la libéralisation des prix, la stagnation relative des salaires?.» ont créé une situation de désespoir : «Mendicité, prostitution, alcoolisme, drogue, agressions, suicides (128 tentatives à Oran en deux mois)?» Pour rendre plus accessible le tableau sombre qu?il brosse de la situation, M. Amokrane divise l?Algérie en deux : «L?Algérie du dedans minoritaire qui va faire sa rentrée sociale et scolaire non sans difficulté et l?Algérie du dehors majoritaire qui est exclue socialement faute d?emploi et de formation.» Dans sa conférence intitulée «Projet de réponse aux questions sociales que se posent les Algériens», M. Amokrane cite les principales causes de ce constat dramatique. Elles sont d?ordre politique : «Etat d?urgence, démocratie politique et économique en gestation, un Etat centralisé et bureaucratique, une justice dépendante et un monopole syndical», mais aussi d?ordre économique : «La politique libérale inspirée par le FMI et la Banque mondiale, le mécanisme d?accaparement de la rente pétrolière, la corruption, l?évasion fiscale, la mauvaise gestion des ressources à tous les niveaux?»Quant aux solutions, il en préconise plusieurs dont on citera «la suppression du Snmg pour le remplacer par un revenu minimum garanti dont bénéficiera le chômeur et qui sera pris comme barème pour établir la fourchette des salaires des travailleurs, la création d?un forum social indépendant à même de prendre en charge les véritables problèmes sociaux des différentes strates sociales?» Par ailleurs, le conférencier a appelé à donner «les pleins pouvoirs aux responsables des communes pour mieux gérer leurs affaires».