Impact ■ Les citoyens ont fini par perdre confiance, au vu du grand nombre de mendiants et de l'exploitation des enfants même par des agresseurs, ce qui a fait réduire le degré de solidarité. Avec la multiplication du nombre de mendiantes avec des nourrissons, un grand nombre de gens ne prête plus attention à leur situation et refuse de leur donner l'aumône. Ils estiment que la mendicité est, tout simplement, devenue un fond de commerce pour ces femmes qui exploitent des nourrissons à mauvais escient. «Franchement, c'est trop. On est agacé à chaque coin de la ville par des mendiantes. Leur nombre est insupportable et elles utilisent des méthodes parfois agressives. Personnellement, je suis convaincu qu'un vrai nécessiteux ne s'adonne pas à de telles pratiques», s'écrie Aâmi Omar, retraité de l'éducation nationale. «J'ai cessé de donner de l'aumône, car je trouve qu'il s'agit beaucoup plus d'une arnaque qu'autre chose. Tous mes amis ont fait de même, la mendicité ayant pris des proportions démesurées. C'est dommage que les vrais nécessiteux fassent les frais de ces faux mendiants !», soutient-il, sur un ton d'amertume. «Moi, je me contente d'acheter du pain ou des légumes pour ces mendiantes. Je ne donne plus d'argent. Certaines d'entre-elles refusent ce que je leur propose, ce qui veut dire qu'elles font tout simplement du business et non de vraie nécessiteuses !», intervient, de son côté, Lila, la cinquantaine, cadre moyenne dans une administration centrale à Alger. Une grande partie de nos interlocuteurs s'est montrée «outrée» par cette situation et «écœurée» par l'exploitation atroce de petits innocents dans une telle entreprise. Et lorsque des citoyens s'arrêtent d'aider ces mendiants, ce sont, en réalité, les vrais indigents qui subissent le grand mal et non pas les «professionnels». De même pour les automobilistes, qui ont cessé de rendre service aux personnes faisant de l'auto-stop au bord de la route. Les œuvres abjectes des voyous qui exploitent des bébés se sont, en effet, répercutées directement sur la perte de confiance entre les citoyens. «Lorsque je vois une personne faisant de l'auto-stop, j'ai tellement envie de le conduire à sa destination. Mais, Allah Ghaleb, je crains toujours qu'il fasse partie d'une bande d'agresseurs. Les pauvres me font pitié et j'aime beaucoup les aider, mais lorsque ma vie devient en danger, je préfère m'en abstenir, tout en ayant un pincement au cœur», avoue, M'henni, la quarantaine, qui fait quotidiennement le trajet entre Bouira, son lieu de résidence, et Alger, son lieu de travail. «La seule solution pour rétablir la confiance est que les autorités interdisent formellement l'exploitation des enfants dans la mendicité et veillent à surveiller les actes des voyous. Avec cela, il faut un peu de temps pour que les esprits se calment et la confiance se réinstalle», souligne notre interlocuteur.