Constat ■ Les comédiens, les metteurs en scène, les scénographes ou les dramaturges ont, pour la plupart, appris leur métier sur le tas, avec l'expérience. Ce sont donc des autodidactes. Si la formation se révèle être le chaînon manquant dans la pratique théâtrale, c'est parce qu'il n'existe pas d'école de formation. La seule qui existe dans tout le territoire national est celle de Bordj El Kiffan, à savoir l'Institut supérieur des métiers des arts et du spectacle et de l'audiovisuel d'Alger (Ismas). Cet Institut, créé en 1965, a formé jusqu'en 1974 de grands comédiens du théâtre algérien sous la direction du défunt Mustapha Kateb. La question qui se pose est de savoir s'il est normal que plus de cinquante après l'indépendance, l'Algérie n'ait toujours pas d'écoles de formation dans le domaine théâtral ? «C'est une question qui se pose en effet et elle continue de se poser tant qu'aucune mesure n'est entreprise pour y remédier. Si on veut vraiment avoir une dynamique théâtrale, il faut créer des écoles de formation dans chaque wilaya», s'accordent à dire les professionnels, qui regrettent qu'un seul institut ne suffise pas, ne puisse pas satisfaire la demande et tous les besoins de ceux désirant faire carrière dans le 4e art. Tous, à l'instar de Ahcen Assous, Omar Fetmouche ou encore Mohamed Yahiaoui, s'accordent à dire qu'il faut décentraliser la formation. En d'autres termes, il est nécessaire de revoir la formation des comédiens à travers la création d'écoles régionales et l'organisation régulière d'ateliers animés par des spécialistes étrangers afin d'élever le niveau du théâtre algérien. Tous – metteurs en scènes, critiques et directeurs de théâtre – sont unanimes à juger insuffisante la formation des comédiens issus du théâtre amateur et universitaire. Cette insuffisance apparaît directement et d'une manière évidente dans le travail théâtral, travail par lequel se distingue la nouvelle génération : les metteurs en scène usent et abusent de chorégraphies et d'artifices techniques (comme la scénographie) au détriment de l'objet théâtral en question, à savoir le jeu des comédiens, donc la mise en scène. C'est ainsi que les professionnels de l'art des planches appellent à ouvrir un débat sérieux sur la formation des jeunes talents et sur la pratique du théâtre en général. Ils recommandent, en outre, «une plus grande attention à la formation aux autres métiers du 4e art, tels que les techniciens et les éclaira-gistes, pour pallier les «insuffisances» que connaît le théâtre algérien». Les professionnels du théâtre proposent d'autres pistes pour la formation : développer la coopération avec des spécialistes étrangers à travers l'organisation d'ateliers. Toutefois, compte tenu du constat fait sur la si-tuation actuelle du théâtre algérien, la ministre de la Culture, Nadia Labidi, a promis de prendre en considération les propositions des uns et les inquiétudes des autres, affirmant de ce fait sa volonté de travailler à la création de nouvelles écoles de formation aux arts de la scène dans les différentes régions d'Algérie, et ce, dans le but de hisser le niveau de la pratique théâtrale.