Aveu ■ Le Pentagone a reconnu, hier, qu'une cargaison d'armes larguée par les forces américaines au-dessus de Kobané, en Syrie, a dévié de sa course et est tombée par erreur entre les mains des djihadistes au lieu de parvenir aux combattants kurdes. Ce sont en fait deux des 28 palettes d'armes, de munitions et de matériel médical larguées à l'aube lundi dernier aux Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qui ont raté leur cible et ont pris la direction de positions de l'organisation de l'Etat islamique. Une première cargaison a pu être détruite par une frappe aérienne avant que les djihadistes ne s'en emparent, mais une seconde «a pris une mauvaise direction et est sans doute tombée entre les mains de nos ennemis», a expliqué un porte-parole du Pentagone. Les opérations de largage «sont extraordinairement complexes» et «il n'est pas inhabituel» que le vent fasse dévier les cargaisons de leur cible, a-t-il poursuivi. Selon lui, le matériel sur lequel les insurgés de l'EI ont pu mettre la main «ne va pas permettre de leur donner un quelconque avantage» dans la bataille qu'ils mènent à Kobané. Les armes et munitions larguées par trois avions cargo C-130 américains ont été fournies par les autorités kurdes d'Irak. Les Kurdes de Kobané réclament depuis des semaines un soutien accru de l'extérieur pour faire face à l'avancée des djihadistes, plus nombreux et mieux armés qu'eux. Le Parlement du Kurdistan irakien a autorisé hier l'envoi de combattants pour renforcer les forces kurdes syriennes qui luttent contre les djihadistes dans Kobané, où de violents combats ont repris en soirée. Le feu vert du Parlement de la région autonome du Kurdistan irakien à l'envoi de «forces» pour défendre Kobané intervient deux jours après la décision prise par la Turquie d'accepter le passage par sa frontière de combattants kurdes d'Irak, les peshmergas, excluant le transit de Kurdes turcs ou d'autres nationalités. «Nous ne savons pas si et quand ces combattants vont passer la frontière, ils doivent se coordonner avec nous pour que notre combat soit couronné de succès», a indiqué depuis Kobané un responsable kurde. Les peshmergas ont joué un rôle crucial en Irak dans la lutte contre les djihadistes de l'EI lorsque ces derniers ont lancé en juin une offensive fulgurante dans le nord du pays, face à une armée irakienne en déroute. Les frappes aériennes de la coalition visant les djihadistes en Syrie ont fait 553 morts en un mois, essentiellement des membres du groupe extrémiste Etat islamique (EI), a indiqué ce jeudi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ce bilan, donné par le directeur de l'OSDH fait état de la mort de 464 combattants de l'EI, 57 du Front al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) et de 32 civils dont 6 enfants et cinq femmes, dans les frappes aériennes. La «grande majorité» des combattants de l'EI et du Front al-Nosra tués par les frappes «ne sont pas des Syriens», a-t-il précisé. Les Etats-Unis aidés de leurs alliés arabes ont lancé le 23 septembre leurs premières frappes aériennes contre l'EI en Syrie pour notamment freiner leur progression à Kobané, ville kurde frontalière de la Turquie défendue par les milices kurdes du PYD, ouvrant un nouveau front dans la guerre contre ce puissant groupe extrémiste sunnite, déjà cible de frappes en Irak.