Les forces kurdes défendant la ville syrienne de Kobané ont repoussé un nouvel assaut des djihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans l'attente des premiers renforts de peshmergas irakiens qu'elles espèrent en début de semaine. Pour la quatrième nuit consécutive, les djihadistes ont échoué à prendre le contrôle d'un quartier du nord de Kobané proche de la frontière avec la Turquie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'EI se focalise sur ce lieu «afin d'assiéger» les combattants des unités de protection du peuple kurde (YPG) «dans la ville, couper leur route d'approvisionnement et les empêcher d'évacuer leurs blessés vers la Turquie», selon l'ONG. Les combats se sont par ailleurs poursuivis dans la nuit dans deux secteurs du nord-est de la ville, Souk el-Hal et Kani Arabane, ainsi que sur le front sud, où sept djihadistes ont été tués, a précisé l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau d'informateurs sur le terrain. Les Kurdes, déjà soutenus par des rebelles syriens, se préparent à recevoir dans les prochains jours l'aide de peshmergas, des combattants du Kurdistan irakien que la Turquie a autorités à transiter par son territoire. En 40 jours depuis le début de l'offensive de l'EI, la «bataille de Kobané» a fait plus de 800 morts, dont 481 djihadistes, 302 combattants kurdes et 21 civils, selon un décompte de l'OSDH qui ne prend pas en compte les victimes des frappes de la coalition. Ailleurs en Syrie, la guerre civile se poursuit entre l'armée du régime de Bachar al-Assad, les rebelles et les jihadistes. Au moins 25 civils, dont 11 enfants, ont péri samedi soir dans des raids aériens de l'armée sur deux secteurs rebelles de la province centrale de Homs, selon l'OSDH. Parmi eux, figurent 16 personnes d'une même famille dans la ville de Talbissé, un bilan qui pourrait s'aggraver en raison du nombre de corps ensevelis sous les décombres, précise l'OSDH. Tensions au Liban Le conflit syrien avive par ailleurs les tensions dans le nord du Liban, en particulier dans la grande ville de Tripoli, où l'armée a délogé samedi du centre historique des hommes armés sunnites soupçonnés d'avoir fait allégeance à Al-Nosra. Ce dernier a menacé dimanche d'exécuter des soldats libanais qu'il retient en otage si l'armée ne mettait pas fin à son offensive. «Nous mettons en garde l'armée libanaise contre une escalade militaire visant les sunnites à Tripoli», a indiqué le Front dans un communiqué mis en ligne. «Nous l'appelons à lever le siège (des combattants) et à entamer une solution pacifique, sinon, nous serons amenés à en finir avec le dossier des soldats otages chez nous, vu qu'ils sont des prisonniers de guerre», ajoute le groupe djihadiste. Depuis début août, Al-Nosra retient comme otages 27 soldats et policiers libanais capturés lors de combats contre l'armée dans l'est du Liban frontalier de la Syrie. Les djihadistes réclament notamment le retrait du mouvement chiite libanais Hezbollah de Syrie, où il combat aux côtés des forces du régime. En Irak, la coalition conduite par les Etats-Unis a renforcé la fréquence de ses frappes ces derniers jours, ayant conduit pas moins de 22 frappes vendredi et samedi. La moitié d'entre elles ont visé des positions de l'EI près du barrage de Mossoul (nord), le plus grand du pays, qui avait été repris fin août par les forces kurdes et gouvernementales et dont l'importance stratégique est majeure. En le détruisant, les djihadistes déclencheraient de gigantesques inondations à Mossoul et Baghdad, les villes les plus peuplées d'Irak Au total, la coalition menée par les Etats-Unis a procédé à plus de 600 raids aériens contre l'EI et largué plus de 1 700 bombes en Syrie et en Irak, selon le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale (Centcom). Aidées par le soutien aérien, les forces kurdes irakiennes ont pu reprendre samedi aux djihadistes la ville de Zoumar (60 km au nord-ouest de Mossoul) après des semaines de combats. Mais les djihadistes réussissent à progresser dans d'autres zones de l'Irak, notamment dans le nord où ils assiègent de nouveau le Mont Sinjar, où sont prises au piège des centaines de familles yazidies. Après l'Iran la semaine dernière, le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi poursuit dimanche son offensive diplomatique en Jordanie, où il doit s'entretenir avec le roi Abdallah II et son homologue Abdallah Nsour de la stratégie pour lutter contre l'EI, selon ses services.