Un tribunal du centre de la Côte d'Ivoire a condamné, hier, à un an de prison ferme un père coupable d'avoir marié sa fille de 11 ans, au terme du premier procès du genre dans un pays où les mariages précoces sont pourtant fréquents. Le tribunal de Bouaké a également infligé une amende de 360 000 francs CFA (550 euros) au père, tailleur de profession et âgé de 37 ans. Poursuivi pour «union précoce et forcée», l'accusé avait expliqué ignorer que le mariage de sa fille à l'un de ses cousins, de 16 ans son aîné, était interdit par la loi qui fixe l'âge légal du mariage à 18 ans. «Moralement, même en dehors de la loi, quand vous voyez votre fillette de 11 ans, pensez-vous qu'on peut la donner en mariage ?», lui avait demandé la substitut du procureur du tribunal de Bouaké. Ce procès pour mariage précoce est le premier à se tenir en Côte d'Ivoire, où 12% des filles sont mariées avant leurs 15 ans et 36% avant 18 ans, d'après un rapport de l'Unicef. Le père a été arrêté grâce à un signalement du directeur de l'école que fréquentait la fillette à une ONG qui a ensuite averti la police. Les parents disent généralement marier leurs filles jeunes pour éviter des grossesses hors mariage. Mais «en réalité ils préfèrent les marier à de riches commerçants pour être à l'abri du besoin. C'est comme un commerce qui ne dit pas son nom», a-t-il ajouté.