Constat ■ L'édition 2014 du Salon international du livre d'Alger, coïncidant avec la commémoration du 1er Novembre, laisse apparaître un engouement chez le public pour les livres à teneur historique. Comme nous avons pu le constater lors de notre passage au SILA, c'est bien le livre sur l'histoire de l'Algérie, qu'elle soit récente ou ancienne, qui connaît un certain succès. Cependant, le lecteur privilégie la première en se rapprochant des récits mémoriels de mou-djahidine, de personnalités politiques et lea-ders, d'écrits et de recherches historiques sur la période pré et post indépendance. Des lectures qui tiennent le devant de la scène marchande. D'ailleurs, comme on a pu le constater, les stands des maisons d'édition ayant pignon sur rue et ayant publié ou coédité des œuvres historiques sont les plus sollicités. Cette culture de l'écriture historique, de vulgarisation ou de réflexion historique attire un public «avide de son passé récent», selon un libraire de vieille date, ajoutant : «Il y a comme une soif de se réapproprier des vérités, après des années d'instrumentalisation de l'histoire.» Il faut souligner que les témoignages nombreux à être publiés, quoique de valeur inégale, permettent de faire peu ou prou la lumière sur des événements non connus ou occultés. «Le travail de recherche objective de l'information historique ne peut se réaliser qu'avec le sens critique du travail de l'historien et de son accès aux sources documentaires sur la guerre de libération», telle a été, dans l'ensemble, l'idée de tous les intervenants qui se sont succédé lors d'une rencontre autour de la rencontre sur la guerre de libération, qui s'est tenue en marge du Sila. La période 54-62 continue d'alimenter l'écriture, cependant le 1er Novembre 54, date de l'insurrection nationale, selon certains historiens enseignants, chercheurs et universitaires n'a pas réussi à asseoir l'élan créateur. Tout cela du fait, comme signalé plus haut, d'un manque d'éclairage littéraire sur des événements qui ont tracé le sillon révolutionnaire. Un vide engendré par l'absence d'écrits ou de textes pouvant mieux aider la marche de l'histoire. Ce vide est imputé, selon nombre d'historiens soucieux du travail de mémoire et de vérité, aux difficultés d'accès aux archives algériennes. Ainsi en est-il de la recherche historique, qui bute sur certaines annales inaccessibles entourant, jusqu'à aujourd'hui encore, des dates et événements, à l'exemple, entre autres, de «l'organisation interne des six Wilayas et de la septième, ou Fédération de France». Lever les verrous sur les archives algériennes revient à faire une approche objective de l'analyse de certains événements de la période révolutionnaire. Finalement, la production littéraire historique présente au SILA remet en cause la place dans le champ livresque de la création romanesque. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, l'écri-ture romanesque reste la presque mal-aimée du Salon. En effet, les manuels scolaires, parascolaires, universitaires, les contes et autres lectures enfantines sont mieux cotés que le roman algérien. Les livres de BD, lecture accessible aux enfants et adolescents et pourvoyeuse d'imaginaire et d'évasion ont également une part de vente articulée grâce aux jeunes fans de mangas. Pourtant, sous d'autres cieux, l'un des enjeux du marché du livre réside dans le roman, genre indispensable dans le champ livresque. La création d'un grand prix du roman algérien, annoncé récemment par la ministre de la Culture, Madame Nadia Labidi Cherabi, viendra-t-il à redonner ses lettres de noblesse au roman algérien ?