Election ■ L'ancien président français Nicolas Sarkozy a été élu,hier, président du parti de droite UMP par les adhérents, première étape de sa stratégie de reconquête du pouvoir après sa défaite face au socialiste François Hollande en 2012. M. Sarkozy, 59 ans, a remporté 64,5% des voix, un score confortable mais inférieur au plébiscite, à plus de 70%, dont rêvaient ses partisans, ce qui devrait compliquer sa mission de «rassemblement» et brouille l'horizon élyséen de 2017. Nicolas Sarkozy a voulu conquérir l'UMP, qu'il avait déjà présidé avant 2007, pour le transformer en machine électorale en vue de la présidentielle de 2017. Ses challengers Bruno Le Maire et Hervé Mariton ont remporté respectivement 29,8% et 6,32% des voix. Sa campagne a montré que deux ans et demi de retraite forcée n'ont pas adouci les angles d'une personnalité toujours très clivante, suscitant adulation ou rejet. Quelque 58% des 268 000 adhérents du mouvement conservateur ont voté par internet, un scrutin légèrement perturbé par une cyberattaque qui a réveillé les fantômes de l'élection de 2012, quand des accusations de fraude avaient été portées contre l'ancien président du parti Jean-François Copé. Sur sa page Facebook, il a salué un «nouveau départ» pour un parti déchiré depuis deux ans par des conflits de personnes et croulant sous une dette abyssale héritée de la campagne ratée de 2012, et annoncé qu'il rencontrerait demain les «principaux responsables» pour «créer les conditions du plus large rassemblement». Durant sa campagne auprès des militants, s'il a montré qu'il n'avait rien perdu de sa combativité, certaines de ses prises de position ont inquiété la droite modérée, avec laquelle il faudrait pourtant compter lors des primaires attendues en 2016 pour désigner le candidat à la présidentielle. Mais certains, notamment l'ancien chef de la diplomatie Alain Juppé, le grand concurrent de Nicolas Sarkozy à droite, le soupçonnent d'avoir justement voulu conquérir l'UMP pour changer les règles du jeu, et se passer de primaires. M. Sarkozy a aussi montré qu'il ne reniait pas la ligne droitière adoptée durant la campagne de 2012, et jugée par ses détracteurs responsable de sa défaite. Sur l'immigration ou la sécurité, M. Sarkozy a repris des thèmes chers au Front National (extrême droite) qui, ce week-end, a reconduit sa présidente Marine Le Pen, qui s'affirme sûre de sa propre victoire en 2017. Nicolas Sarkozy a aussi courtisé les eurosceptiques, déclarant que l'Union européenne n'avait pas été créée «pour qu'elle se mêle de tout». Alors que la très grande impopularité du président Hollande et la faiblesse du Parti socialiste et de ses alliés écologistes font planer sur la gauche la menace d'une élimination dès le premier tour de la présidentielle de 2017, M. Sarkozy s'en est pris aussi à l'exécutif coupable selon lui de se livrer à «une entreprise sans précédent de démolition de la Nation, de la République, de l'Etat». «J'ai mûri», avait assuré Nicolas Sarkozy en sortant à la fin de l'été de sa retraite politique, ponctuée de conférences rémunératrices dans le monde. La stratégie de reconquête du pouvoir de l'ancien président reste par ailleurs sous la menace de plusieurs dossiers judiciaires.